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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

la sélectionne parmi d’autres), plusieurs auteurs, comme James Mark Baldwin<br />

ou Igor Ivanovich Schmalhausen, ont tenté de trouver une voie médiane, que<br />

des auteurs récents, Marc Kirschner et John Gerhart, ont étudiée et modernisée<br />

sous le nom de « variation facilitée 16 ». Ils partent du principe que tous<br />

les processus d’un organisme ne sont pas soumis aux mêmes contraintes.<br />

Certains, en assez petit nombre et universels, sont essentiels et apparus par<br />

le mécanisme classique de sélection naturelle. C’est le cas, d’après les auteurs,<br />

de « grands » processus comme la réplication de l’ADN, la traduction des protéines,<br />

le fonctionnement des membranes cellulaires ; ils sont très contraints.<br />

D’autres, beaucoup plus nombreux, relèvent de régulations qui peuvent être<br />

moins contraintes. Ces régulations jouent en fait sur des combinaisons d’effets<br />

des processus essentiels, et permettent d’explorer de nouvelles voies. D’après<br />

ce modèle, puisque chaque organisme a un comportement exploratoire large,<br />

une variation environnementale pourrait l’induire à se placer dans une gamme<br />

de fonctionnement donnée au sein de sa gamme explorable : c’est la variation<br />

facilitée. Point important, les mutations pourraient n’intervenir que dans un<br />

second temps pour stabiliser et renforcer certains états atteints. On voit ici que<br />

les auteurs, comme leurs prédécesseurs cités, empruntent une voie étroite<br />

entre les deux paradigmes (la mutation est chronologiquement postérieure à la<br />

variation environnementale, mais pas causée par elle, et la sélection demeure)<br />

qu’ils étayent d’arguments nombreux et souvent convaincants. Reste à trouver<br />

des moyens de déterminer le niveau de généralisation effectif de cette<br />

proposition qui est sans conteste une contribution majeure au débat en cours<br />

sur l’évolvabilité.<br />

<strong>Les</strong> variations génétiques, au sens classique du terme, sont-elles enfin, les<br />

seules transmissibles, puisque c’est ce qui nous intéresse ici ? Rien n’est moins<br />

sûr. Le champ de recherche que l’on décrit sous le nom générique d’épigénétique<br />

17 , et qui est en renouveau depuis quelques années, s’emploie à montrer<br />

que d’autres variations peuvent éventuellement l’être. Des modifications de<br />

la méthylation des gènes – des modifications chimiques n’affectant pas la<br />

séquence d’ADN proprement dite mais qui peuvent avoir un impact fonctionnel<br />

– peuvent être, dans certaines circonstances, transmises à la descendance.<br />

De même, la position des chromosomes à l’intérieur du noyau est en partie<br />

16. Kirschner & Gerhart (2005), The Plausibility of Life : Resolving Darwin’s Dilemma,<br />

Yale University Press @.<br />

17. Cf. Heams, « Hérédité », section 5, ce volume.

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