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Les mondes darwiniens

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[philippe h u n e man / sélection]<br />

de la sélection, s’avère restrictive parce que la notion de réplicateur est une<br />

notion binaire (quelque chose est ou n’est pas un réplicateur).<br />

En somme, le projet de formuler un schème général de la sélection naturelle<br />

est donc à la fois éclairant et limité. Dans la plupart des cas, dans la mesure<br />

où l’héritabilité est assurée par les réplicateurs et les effets des interactions<br />

sont statistiquement enregistrés dans la fitness, nos deux formulations (CNS/<br />

interacteurs-réplicateurs) sont mutuellement traductibles. Reste que certains<br />

cas échappent à l’une ou à l’autre, comme l’implique ce qui précède, si bien<br />

qu’aucune tentative ne permet donc une formulation absolument générale de<br />

la sélection naturelle. Par ailleurs, il se pourrait que le fait que les gènes soient<br />

des entités issues de l’évolution, sans doute par la sélection naturelle ellemême<br />

48 , rende ces formulations malgré tout partielles, car dans l’explicitation<br />

de la sélection naturelle elles prennent pour acquis ce qui est un résultat de<br />

la sélection elle-même, à savoir l’héritabilité ou la réplication 49 .<br />

<strong>Les</strong> faiblesses des formulations générales peuvent aussi reposer sur l’idée<br />

présupposée pour l’instant, comme souvent lorsqu’il s’agit de concevoir la<br />

sélection naturelle dans sa généralité, que la génétique des populations<br />

renferme la vérité sur cette dernière. Indubitablement, cette discipline a<br />

permis la formulation mathématique de la sélection et a rendu testable l’hypothèse<br />

de sélection naturelle. Mais la sélection relève de plusieurs champs<br />

de la biologie, et il se peut que le concept soit infléchi différemment selon<br />

la discipline. Fondamentalement, on peut déjà faire une différence entre la<br />

génétique des populations, qui suppose des valeurs de fitness relatives aux<br />

allèles et aux génotypes, et décrit à partir de là leur dynamique évolutive,<br />

et l’écologie (de population ou de communauté, au moins), qui étudie les<br />

relations entre organismes de différentes espèces. <strong>Les</strong> causes de la fitness (et<br />

donc de la sélection 50 ) pour une population donnée sont donc comprises et<br />

étudiées par l’écologie. Aussi n’est-il pas évident qu’une analyse de la sélection<br />

naturelle dans le cadre de la génétique des populations livrera la vérité<br />

sur la sélection. Ainsi, la question de la manière dont différentes pressions<br />

de sélection se combinent pour donner « la » sélection, un coefficient de<br />

48. Michod (1999), Darwinian Dynamics. Evolutionary Transitions in Fitness and<br />

Individuality, Princeton UP @.<br />

49. Cf. Griesemer (2000, “The units of evolutionary transitions”, Selection, 1 @) pour<br />

une tentative de réinterprétation de la sélection en général à l’aune des travaux<br />

sur les transitions évolutionnaires.<br />

50. Cf. Wade & Kalicz (1980), “The causes of natural selection”, Evolution, 44, 8 @.

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