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Les mondes darwiniens

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137 / 1576<br />

[philippe h u n e man / sélection]<br />

C’est ce que Damuth & Heisler 157 appellent multi-level selection 1 (MLS1), en<br />

opposition avec un autre type de sélection, multi-level selection 2 (MLS2), où<br />

la fitness d’un groupe est le nombre de groupes descendants qu’il génère.<br />

Un groupe qui a du succès évolutionnaire peut en effet être un groupe qui<br />

devient de plus en plus grand à mesure des générations, mais aussi, selon<br />

un autre processus, un groupe qui donne naissance à davantage de groupes<br />

que ceux avec lesquels il est en concurrence. Dans ce second cas, la mesure<br />

du succès reproductif n’est pas le nombre de membres du groupes mais bien<br />

le nombre de groupes héritiers. Autrement dit, la sélection au niveau supraorganismique<br />

n’est pas logiquement homogène. Si on pense à ce que Gould<br />

appelait « sélection d’espèces », cela devient évident. Lorsque je dis que des<br />

propriétés d’espèces ont joué un rôle sélectif dans leur évolution – par exemple<br />

leur polymorphisme, ou bien la superficie qu’elles couvrent –, je ne dis<br />

pas qu’elles sont devenues de plus en plus abondantes, mais bien qu’elles<br />

ont donné lieu à plus de spéciation. La mesure de succès évolutif, ici, est le<br />

nombre d’espèces-filles.<br />

Clairement, la démonstration d’équivalence de Kerr & Godfrey-Smith ne<br />

vaut alors que pour MLS1. La MLS2, si elle est encore discutée empiriquement<br />

158 , est en tout cas conceptuellement irréductible.<br />

5 Conclusion<br />

évolution de la sélection naturelle dans la biologie moderne présente<br />

L’ plusieurs aspects antagonistes. D’un côté, les évolutionnistes ont accumulé<br />

des preuves théoriques, par les mathématiques, de ce que Darwin appelait<br />

son « paramount power », et des attestations empiriques de la force de<br />

son action. Le développement du champ, l’émergence de nouveaux champs<br />

disciplinaires comme la sociobiologie, l’écologie comportementale, la biologie<br />

moléculaire, etc., a mis en évidence qu’à des niveaux encore inconnus à<br />

157. Damuth & Heisler (1987), “Alternative Formulations of Multi-Level Selection,<br />

Selection in Structured Populations”, Biology and Philosophy, 17, 4 @.<br />

158. Cf. Rice (1995), “A genetical theory of species selection”, J. Theor. Biol., 177 @,<br />

comme partisan après Gould ; Williams (1992, Natural selection : domains, levels<br />

and challenges, Oxford UP) la rejette mais accepte la sélection de clades Certains<br />

clades persistent plus que d’autres ; si on pense que le nombre à l’intérieur du<br />

clade, ou son taux de spéciation, ou n’importe quelle propriété du clade lui-même<br />

a contribué à sa durée plus longue que celle d’un autre clade, alors on a de la<br />

sélection de clades. (Sur la notion de clade, cf. Barriel et Grandcolas, ce volume.)

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