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Les mondes darwiniens

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[pa s c a l ta s s y / d a r w i n et la phylogénétiqu e : h i e r et aujou r d’h u i]<br />

bables (parcimonie non pondérée) pourrait entraîner des erreurs, en arguant<br />

du fait que des substitutions « faciles » (telles transitions) devraient entraîner<br />

a priori plus d’homoplasies que des substitutions « difficiles » (telles transversions).<br />

De la parcimonie pondérée à la modélisation a priori du comportement<br />

évolutif des nucléotides il y a un pas que les molécularistes ont allègrement<br />

franchi dès que les performances des analyses probabilistes sont devenues<br />

compétitives avec les autres approches, en termes de nombre de taxons et<br />

de temps de calcul. C’est à mon sens cet aspect pragmatique qui a pesé, bien<br />

plus que les discussions méthodologiques sur les vertus comparées de la parcimonie<br />

et du probabilisme, si nombreuses soient-elles.<br />

Ce qui ne signifie nullement que les discussions méthodologiques qui se<br />

sont succédé depuis trente ans aient été sans intérêt, bien au contraire. En gros,<br />

deux façons de voir la phylogénie se sont affrontées : une vision cherchant à<br />

représenter les données (les distributions de caractères) sous forme d’un arbre,<br />

l’approche dite de parcimonie que l’on peut qualifier de « type pattern » et une<br />

vision cherchant à modéliser l’évolution des données avant la construction d’un<br />

arbre, l’approche dite probabiliste que l’on peut qualifier de « type processus ».<br />

On signalera toutefois qu’il existe une autre façon de voir les données nucléotidiques<br />

et le pattern phylogénétique, propre aux approches moléculaires, aux<br />

antipodes des méthodes probabilistes. Il s’agit de l’approche – fort controversée<br />

– dite d’« homologie dynamique » ou « optimisation directe 45 ».<br />

Très tôt Felsenstein 46 avait fait remarquer, en termes statistiques, que si<br />

les hypothèses d’homologie avancées à la suite d’une analyse de parcimonie<br />

étaient en réalité des homoplasies, l’arbre obtenu serait faux. À l’inverse si<br />

une méthode probabiliste intégrait en amont d’une analyse les probabilités<br />

connues des (vraies) transformations selon les taxons, l’arbre probabiliste –<br />

méthode du maximum de vraisemblance – serait juste 47 . Dans des modélisations<br />

à quatre taxons, en faisant jouer les probabilités de transformations<br />

selon les branches 48 , on identifie les cas où différentes méthodes intégrant ou<br />

45. Wheeler et al. (2006), Dynamic Homology and Phylogenetic Systematics : a Unified<br />

Approach Using POY, American Museum of Natural History Press @.<br />

46. Felsenstein (1978), “Cases in which parsimony or compatibility methods will be<br />

positively misleading”, Syst. Zool., 27 @.<br />

47. Cf. discussion, entre autres, dans Tassy (1991), L’arbre à remonter le temps, Christian<br />

Bourgois, p. 248-250.<br />

48. Branche : dans l’arbre phylogénétique segment reliant deux nœuds (branche<br />

interne) ou un nœud et un taxon terminal (branche externe)

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