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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

ou bien ils jugent cette réponse insuffisante 6 . (ii) Ils les partagent parce qu’ils<br />

vivent au même endroit, et donc les effets de l’environnement sont les mêmes<br />

sur eux. Cependant, il est facile de trouver une troisième espèce possédant<br />

truffe et poils, qui vit à des milliers de kilomètres de là et qui n’a jamais croisé<br />

ni un chat ni un chien. Un ours blanc, sur sa banquise, par exemple, habite un<br />

endroit où ne peuvent absolument pas vivre les chats. Ce n’est donc pas le seul<br />

milieu qui est directement responsable d’un tel « façonnage » des espèces. (iii)<br />

Enfin, troisième option, ils peuvent posséder truffe et poils parce qu’ils font des<br />

petits ensemble. Mais on sait bien d’expérience que les chats et les chiens ne<br />

font pas de petits ensemble. La réponse est transférée dans le passé : ils ont<br />

fait, jadis, des petits ensemble. C’est l’hypothèse de l’ascendance commune.<br />

Des ancêtres communs ont possédé truffes et poils et les ont légués au chien<br />

et au chat actuel (c’est aussi l’ancêtre de l’ours blanc, d’ailleurs). Ces ancêtres<br />

étaient-ils des chats ? Si oui, les descendants se sont forcément transformés<br />

sur le trajet généalogique des chats ancestraux vers les chiens, sinon les chiens<br />

seraient chats. Ces ancêtres étaient-ils des chiens ? Si oui, les descendants se<br />

sont forcément transformés sur le trajet généalogique des chiens ancestraux<br />

vers les chats, sinon les chats seraient chiens. Ces ancêtres étaient-ils autre<br />

chose ? Si oui, les descendants se sont forcément transformés sur les deux<br />

trajets généalogiques de ces ancêtres vers les chiens et vers les chats, sinon<br />

les chiens et les chats ne seraient pas ce qu’ils sont. Bref, l’ascendance commune<br />

comme explication du partage d’attributs par des êtres vivants qui ne se<br />

croisent pas entre eux implique la transformation, quel que soit le processus<br />

de cette transformation. Il suffit de dire « ascendance commune », l’adjectif<br />

« commune » jouant le rôle de « avec modification » 7 .<br />

Autre fait remarquable, l’ascendance commune dans les sciences des patrons<br />

n’a même pas besoin d’un processus particulier. Il suffit que les espèces se<br />

transforment au cours du temps, et dérivent les unes des autres, pour qu’elles<br />

soient affiliées par voie généalogique entre elles et qu’on puisse prendre ce fil<br />

généalogique pour guide classificatoire. Autrement dit, on n’a pas besoin de<br />

savoir si le processus des transformations est la sélection naturelle, la dérive<br />

6. Darwin écrivait dans le chapitre XIII de L’Origine : “They believe that it [the Natural<br />

System] reveals the plan of the Creator, but unless it be specified whether order in<br />

time or space, or what else is meant by the plan of the Creator, it seems to me that<br />

nothing is thus added to our knowledge.”<br />

7. Cf. aussi l’idée de réseau généalogique, cf. Samadi & Barberousse, ce volume.<br />

(Ndd.)

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