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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

un point de départ à partir duquel on a pu comprendre comment les signaux<br />

environnementaux sont traduits, interprétés, et comment les organismes y<br />

répondent 61 . En effet, les hormones constituent la principale interface entre le<br />

niveau génétique de l’action et l’environnement externe, au sens où ils jouent<br />

deux rôles importants : ils façonnent l’organisme et ils transportent l’information<br />

depuis les récepteurs environnementaux, ce qui déclenche des réactions<br />

spécifiques, celles qui caractérisent la plasticité phénotypique 62 .<br />

Ainsi, même si au cours de ces années, la base génétique de la plasticité<br />

tend à se confirmer, le changement dans la compréhension du déterminisme<br />

des caractères va conduire les biologistes à une réinterprétation des causes<br />

prochaines de la plasticité. Dans cette perspective, la biologiste Mary Jane<br />

West-Eberhard, spécialiste du comportement chez les insectes, va fournir une<br />

approche nouvelle dans laquelle la plasticité phénotypique constitue non pas<br />

un résultat, mais une cause de l’adaptation.<br />

1.6 La théorie de la « plasticité développementale » 63<br />

West-Eberhard est la première à rapprocher plasticité morphologique et<br />

plasticité comportementale, et à prendre position en faveur d’un rôle commun<br />

de ces deux phénomènes pour expliquer l’évolution des nouveautés<br />

61. Friml & Sauer (2008), “Plant biology : in their neighbour’s shadow”, Nature,<br />

453(7193) @.<br />

62. Sur ces questions, Nijhout (2003, “Development and Evolution of Adaptive<br />

Polyphenisms” @, Evolution and Development, 5(1)) a conclu que le développement<br />

de phénotypes alternatifs (aussi bien dans les normes de réaction que pour<br />

les polyphénismes*) pouvait être dû à des mécanismes spécifiquement évolués,<br />

eux-mêmes régulés par la variation de la configuration de la sécrétion des hormones.<br />

Badyaev (2005, “Stress-induced variation in evolution : from behavioural<br />

plasticity to genetic assimilation”, Proceedings of the Royal Society B, 272(1566)<br />

@) pense quant à lui que l’assimilation phénotypique de la réponse au stress est<br />

facilitée par la participation commune des voies nerveuses et des voies endocrines<br />

de la réponse au stress pour d’autres fonctions des organismes. Enfin, Crespi &<br />

Denver (2005, “Roles of stress hormones in food intake regulation in anuran amphibians<br />

throughout the life cycle” @, Comparative Biochemistry and Physiology-Part<br />

A : Molecular & Integrative Physiology, 141(4)) font observer que l’axe du stress<br />

neuroendocrinien représente un système phylogénétiquement ancien de signalisation<br />

qui permet au fœtus ou à la larve d’adapter son rythme de développement<br />

aux conditions environnementales prévalentes.<br />

[* Ndd : Ensemble des variations morphologiques, comportementales et physiologiques<br />

dans une espèce donnée. <strong>Les</strong> animaux à métamorphoses présentent des<br />

polyphénismes morphologiques très caractérisés.]<br />

63. West-Eberhard (2003), Developmental plasticity and evolution, Oxford UP @.

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