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Les mondes darwiniens

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[j u li e n de lor d / écolog i e et évolution : v e r s u n e artic u lation m u lt i-h iérarc h isée]<br />

5 Conclusion<br />

Après avoir présenté un historique rapide des interrelations complémentaires<br />

et des mécompréhensions mutuelles entre écologie et évolution, nous<br />

avons suggéré de voir dans les hiatus théoriques qui contrarient les efforts<br />

d’unification l’effet de deux paradigmes distincts en concurrence, reposant<br />

sur deux schèmes de temporalité nettement séparés. Sous la bannière de<br />

l’écologie évolutive, des efforts dignes du plus grand intérêt on été accomplis<br />

afin de rapprocher les modes de pensée évolutifs et écologiques, ou plutôt<br />

pour les coordonner les uns relativement aux autres en alternant avec tout un<br />

art de consommé de la modélisation les objets et les temporalités des deux<br />

perspectives. Notons toutefois que l’écologie évolutive, faute de représenter<br />

un nouveau paradigme de la biologie, n’en a pas moins contribué à mettre<br />

en lumière de nouveaux objets scientifiques, comme les traits d’histoire de<br />

vie ou encore la biodiversité dans sa dimension causale (et pas simplement<br />

descriptive).<br />

Il existe cependant une théorie qui, selon l’interprétation que nous en<br />

proposons, va bien au-delà de l’interconnexion théorique serrée que propose<br />

l’écologie évolutive. Il s’agit de la théorie neutraliste de la biodiversité développée<br />

initialement par Stephen Hubbell, dont la dynamique stochastique<br />

neutraliste ressortit aussi bien au domaine écologique (des communautés)<br />

qu’au niveau évolutif (interspécifique). En identifiant les temporalités propres<br />

aux deux domaines et en faisant des interactions écologiques le mécanisme<br />

même à l’origine du « tri » des espèces au cours du temps, l’UNTBB propose<br />

un mécanisme éco-évolutif qui sert d’invariant universel au niveau des communautés.<br />

Ainsi, dans le cadre d’une théorie hiérarchique de l’évolution (inspirée<br />

de la pensée de Stephen J. Gould), il nous faut accepter une déhiscence<br />

irréductible sur les plans ontologiques et méthodologiques entre les processus<br />

écologiques et les processus évolutifs au niveau des gènes et des individus ;<br />

mais au niveau supérieur, celui des interactions entre les espèces, il nous est<br />

permis de concevoir une unification par identification des phénomènes écologiques<br />

et évolutifs, du moins dans un cadre neutraliste. Sans nous avancer<br />

sur les progrès théoriques à venir, il semble a priori tout à fait raisonnable de<br />

croire que cette unification perdurera, même en introduisant des processus<br />

de sélection entre espèces ou entre niches. Alors aurons-nous peut-être la<br />

chance d’accéder à une théorie hiérarchique éco-évolutive complète et bien<br />

articulée, laquelle ne saurait toutefois constituer un aboutissement comme<br />

nous le rappelle avec sa grande modestie Darwin lui-même, pour qui on de

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