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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

deuxièmement, de l’appréciation par l’homme de l’approbation et de la<br />

désapprobation de ses semblables ; et troisièmement, de la haute activité de<br />

ses facultés mentales, assortie d’impressions passées extrêmement vivaces ;<br />

et sous ce dernier rapport, il diffère des animaux inférieurs » (LFH, p. 732).<br />

Instincts sociaux, approbation et désapprobation d’autrui, capacités mentales<br />

hautement développées, tels sont en définitive les ingrédients qui permettent<br />

de définir la moralité humaine, et de la distinguer des phénomènes de protomoralité<br />

que l’on retrouve au sein des autres espèces.<br />

4 Darwin et le « darwinisme moral »<br />

4.1 La morale darwinienne<br />

Quelle est la doctrine morale défendue par Darwin ? Darwin était-il ce que<br />

nos pourrions nommer, en des termes actuels, un partisan du réalisme moral<br />

évolutionniste ? À la lecture du texte darwinien, la réponse à cette question<br />

semble négative.<br />

Selon les défenseurs du réalisme moral évolutionniste, qui compte beaucoup<br />

de représentants dans les pays anglo-saxons13 , nous devons nous référer<br />

à l’évolution biologique pour fonder de manière objective les valeurs morales.<br />

Autrement dit, pour les réalistes moraux évolutionnistes, les valeurs morales<br />

sont à la fois naturelles – c’est-à-dire produites par l’évolution biologique – et<br />

objectives. Ce ne sont ni des fictions, ni le simple résultat de constructions<br />

socioculturelles. En somme – par delà les différences doctrinales sur la nature<br />

morale de l’homme –, les réalistes moraux évolutionnistes ont tous en commun<br />

d’affirmer que l’évolution biologique constituerait une référence normative<br />

nous donnant accès à la fonction morale de l’espèce humaine14 .<br />

Darwin, pour qui l’a lu attentivement, ne souscrit aucunement à ce type de<br />

thèse. Nulle part, sous sa plume, on ne retrouve l’idée selon laquelle l’évolution<br />

et la sélection naturelle favorisent le progrès moral ou permettent de définir la<br />

13. Richards (1986), “A Defense of Evolutionary Ethics”, Biology and Philosophy, 1 @ ;<br />

Collier & Stingl (1993), “Evolutionary Naturalism and the Objectivity of Morality”,<br />

Biology and Philosophy, 8 @; Arnhart (1998), Darwinian Natural Right. The<br />

Biological Ethics of Human Nature, State University of New York Press ; Casebeer<br />

(2003), Natural Ethical Facts. Evolution, Connectionism, and Moral Cognition, MIT<br />

Press @.<br />

14. Ce chapitre traite avant tout de la théorie morale de Darwin. Pour des développements<br />

plus approfondis sur l’éthique évolutionniste contemporaine, cf. Clavien,<br />

ce volume.

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