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Les mondes darwiniens

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[anton i n e n icog lou / la plasticité phénotypiqu e : de la m ic roévolution à la m ac r oévo lu t i o n]<br />

Le concept de norme de réaction, repris par Johannsen, va devenir, dans un<br />

premier temps, un porte-étendard de la complexité des interactions naturenurture<br />

15 avant de devenir dans les années 1920 un outil d’analyse de la<br />

phénogenèse 16 en général. En Union soviétique, un programme de recherche est<br />

mis en place par les généticiens D.D Romaschoff et Nikolay Timoféeff-Ressovsky 17<br />

pour tenter d’identifier les rôles des différents facteurs (génétiques et externes)<br />

sur la phénogenèse. Leurs résultats ne permettent pas d’afficher une tendance<br />

nette en faveur de la dominance des facteurs génétiques ou de la dominance<br />

des facteurs environnementaux dans l’établissement du phénotype 18 . Pourtant,<br />

une interprétation génocentrée va en être donnée par Oscar Vogt, en 1926,<br />

qui introduit le concept d’« expressivité », pour décrire l’étendue (en termes<br />

probabilistes) de la manifestation d’une mutation génétique pour un individu<br />

donné, et le concept de « pénétrance », décrivant la proportion d’individus<br />

possédant une mutation génétique, mais ne manifestant aucun effet de cette<br />

mutation 19 . Ces termes seront repris et introduits en Angleterre par Conrad<br />

Waddington 20 . À partir de 1950, la pénétrance est alors définie comme la<br />

probabilité conditionnelle qu’un phénotype se manifeste pour un gène donné.<br />

La variabilité dans la manifestation phénotypique du trait devient le résultat<br />

de « l’expression » du gène et indirectement de sa « pénétrance ». Il n’est plus<br />

15. Cf. Hogben (1939), Nature and nurture, G. Allen & Unwin Ltd. Le débat naturenurture<br />

tend à opposer les partisans de la conception selon laquelle les traits<br />

humains complexes tels que l’intelligence dépendent plutôt en majorité des gènes<br />

et ceux qui considèrent qu’ils dépendent plutôt en majorité de la culture, du soin<br />

parental ou plus généralement de l’environnement. Nous avons choisi de ne pas<br />

traduire la notion de nurture et avons conservé le terme anglais qui permet de se<br />

référer à l’ensemble des facteurs d’ordre « environnementaux ».<br />

16. Ce terme est utilisé pour qualifier le développement ou l’ontogenèse d’un phénotype<br />

et met l’accent sur le processus plutôt que sur le seul lien causal associant le<br />

génotype au phénotype.<br />

17. Romaschoff (1925), “Über die Variabilität in der Manifestierung eines erblichen<br />

Merkmales (Abdomen abnormalis) bei Drosophila funebris F”, Journal für<br />

Psychologie und Neurologie, 31. Timoféeff-Ressovsky H.A. & Timoféeff-Ressovsky<br />

N.W. (1926), “Über das phänotypische Manifestation des Genotypes. II. Über idiosomatische<br />

Variationsgruppen bei Drosophila funebris, Wilhelm Roux”, Archiv für<br />

Entwicklungsmechanik der Organismen, 108.<br />

18. Pour un exposé de ces controverses, cf. Sarkar (1999, op. cit.).<br />

19. Vogt (1926), “Psychiatrisch wichtige Tatsachen der zoologisch-botanischen<br />

Systematik”, Journal für Psychologie und Neurologie, 101 @.<br />

20. Waddington (1938), An introduction to modern genetics, G. Allen & Unwin Ltd<br />

@.

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