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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

d’explication à propos des contraintes de développement, comme par exmple<br />

d’hypothétiques principes d’auto-organisation 46 , il convient donc de prendre<br />

en compte ce que peut apporter, du point de vue de l’explication, un recours<br />

systématique à des événements contingents dont l’action s’accumule au cours<br />

du temps, jusqu’à finir par rendre des transformations ultérieures presque<br />

impossibles (d’où l’impression que ce sont des régularités qui entrent en jeu) 47 .<br />

Nous voyons ici quel éclairage notre formulation peut apporter à l’approche<br />

évo-dévo.<br />

5 Conclusion<br />

En résumé, notre formalisation montre que la théorie de l’évolution peut<br />

intégralement prendre en charge l’historicité de l’évolution de la vie, et<br />

lui donner un fort pouvoir explicatif. Elle établit ainsi que le caractère irréversible<br />

et non reproductible des événements caractéristiques du vivant n’est<br />

en rien un obstacle à leur représentation théorique : ces événements sont en<br />

effet gouvernés de part en part par des lois probabilistes qui ont le pouvoir<br />

d’expliquer nombre des phénomènes observés. Notre formalisation ne tombe<br />

cependant pas sous une éventuelle critique de vacuité : tout le sel des explications<br />

évolutionnistes provient en effet d’une mise au jour de la succession des<br />

contextes propres à expliquer les structures ou les comportements observés.<br />

L’intérêt de notre formalisation est de faire valoir que le contexte est lui-même,<br />

en partie, une conséquence des processus évolutifs, ce qui est représenté par<br />

le caractère partiellement récurrent de la définition du succès reproductif.<br />

Finissons sur une comparaison. La géologie cherche, comme la biologie,<br />

à expliquer certains états de chose par une histoire évolutive intégrative.<br />

Cependant, les objets étudiés par la géologie sont foncièrement différents de<br />

ceux que la biologie étudie. La différence majeure est que les objets de la biolo-<br />

diversité de plans d’organisation nouveaux sont apparus de façon relativement<br />

rapide – du moins, à l’échelle des temps géologiques.<br />

46. Cf. Kauffman (1993), Origins of Order : Self-Organization and Selection in Evolution,<br />

Oxford UP @.<br />

47. Selon toute vraisemblance, les transitions majeures de l’évolution (par exemple<br />

l’apparition des cellules, puis des organismes multicellulaires, puis des sociétés)<br />

sont le résultat d’enchaînements du même type : des mutations qui, en raison d’un<br />

changement d’environnement, sont particulièrement efficaces, et une diffusion<br />

rapide de telle sorte que tout retour en arrière devient rapidement difficile, voire<br />

impossible.

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