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Les mondes darwiniens

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[frédér ic bouc har d / la fitn ess au-de là des gèn es et des o r ga n i s m e s]<br />

bien sûr plusieurs espèces micro et macroscopiques, mais aussi, ne l’oublions<br />

pas, des éléments minéraux et de nombreuses molécules inorganiques. Donc,<br />

contrairement à Van Valen, Swenson et ses collaborateurs examinent les traits<br />

d’un écosystème et non pas seulement des communautés impliquées. Le pH est<br />

le trait arbitrairement choisi, mais est un bon choix pour mesurer un changement<br />

phénotypique d’un écosystème complet, car le pH dépend autant de la matière<br />

non organique que de la matière organique dans les échantillons.<br />

Décrivons brièvement une de leurs expériences. Ils prennent 2 ml de sédiment<br />

(terre, bactéries, etc.), ajoutent 28 ml d’eau d’un étang, mélangent et<br />

répètent l’opération pour 72 éprouvettes. Elles sont ensuite mises à l’étuve.<br />

Chaque éprouvette est ensuite analysée pour son taux de pH. Ils sélectionnent<br />

ensuite les six éprouvettes ayant le pH le plus élevé. Ils extraient 5 ml de<br />

chaque éprouvette, ajoutent à chaque échantillon 25 ml de boue stérilisée,<br />

et répètent ensuite le cycle de sélection des éprouvettes à taux de pH élevé.<br />

À chaque itération, ils observèrent un accroissement du pH. Même si cela<br />

semble étrange, les échantillons de boue s’adaptent pour « survivre » à ces<br />

pressions de sélection artificielle. De plus, le phénotype est assez stable pour<br />

s’accroître de manière continue.<br />

En montrant comment de petits écosystèmes peuvent être artificiellement<br />

sélectionnés pour obtenir un trait particulier, ils établirent qu’au moins en théorie,<br />

nous pourrions observer le même phénomène dans la nature. Si nous désirons<br />

accepter la possibilité d’évolution d’écosystèmes, le succès reproductif ne<br />

sera pas une bonne métrique ; la quantité d’énergie contrôlée (la suggestion de<br />

Van Valen) non plus : les expériences de Swenson et al. démontrent une évolution<br />

ne s’accompagnant pas nécessairement d’une croissance d’énergie dans<br />

le système. En somme, à la recherche d’une métrique universelle de la fitness,<br />

le succès reproductif exclut d’office des systèmes tels que les écosystèmes, et<br />

le contrôle énergétique, bien que plus fondamental, ne semble pas pouvoir<br />

s’appliquer à toutes les tentatives de maximisation observées dans la nature.<br />

Alors, comment conceptualiser la fitness, des gènes jusqu’aux écosystèmes ?<br />

Décrivons derechef et métaphoriquement le cas de la boue de manière<br />

téléologique. La seule manière pour la boue de persister est d’augmenter son<br />

pH. Elle fait ceci sans se reproduire, mais son phénotype change tout de même<br />

suite à des pressions de sélection, et ces changements s’accumulent dans le<br />

temps. Ceci n’implique pas que la reproduction n’est aucunement impliquée<br />

dans ces expériences, mais plutôt que le succès reproductif n’est pas la mesure<br />

adéquate du succès évolutif des écosystèmes en question.

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