22.06.2013 Views

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

655 / 1576<br />

[t h o m a s h e a m s / de quoi la b iolog i e synthétiqu e est-elle le nom ?]<br />

et d’autres pas. Le premier groupe recouvre de manière assez convaincante le<br />

LMG. Mais le second est d’un particulier intérêt : il ne contient pas de gènes<br />

essentiels à proprement parler (la cellule peut virtuellement s’en passer), mais<br />

des gènes impliqués dans des mécanismes énergie-dépendants pour « faire de<br />

la place » pour les fonctions essentielles, et notamment empêcher la dégradation<br />

de leurs entités fonctionnelles. <strong>Les</strong> auteurs décrivent cette fraction du<br />

paléome comme les gènes sans lesquels l’hypothétique cellule minimale va<br />

inexorablement vieillir et devoir être resynthétisée en permanence. Des gènes<br />

de lutte contre le vieillissement en quelques sorte. En ce sens, il donne une<br />

solution potentielle à un paradoxe évoqué plus haut : l’écart observé entre le<br />

LMG théorique et le génome effectif le plus simple connu, celui de Mycoplasma<br />

genitalium. Par ailleurs, si on l’observe comme un réseau, le paléome est organisé<br />

en trois sous-ensembles en fonction de la connectivité des éléments, qui<br />

ont une cohérence : le moins net est un ensemble de gènes liés au métabolisme<br />

intermédiaire (nucléotides, coenzymes, lipides), puis un deuxième mieux<br />

structuré qui comprend les ARNt synthétases (enzymes de la traduction), et<br />

enfin un groupe très connecté autour du fonctionnement du ribosome. Ces<br />

trois sous-ensembles permettraient, selon les auteurs, de retracer une histoire<br />

de la vie primordiale, d’abord organisée autour du métabolisme et dont le<br />

premier groupe serait la rémanence lointaine, puis témoignant de l’apparition<br />

et la fixation d’un code génétique (dont témoigne le second groupe) qui se<br />

consoliderait via le système des ribosomes contenu dans le troisième 51 . Le dialogue<br />

entre « origine de la vie » et « biologie synthétique » est donc d’une permanente<br />

fécondité. Mais ces recherches permettent principalement de faire<br />

rentrer dans l’âge adulte la quête de la synthèse d’une cellule vivante, pour<br />

réfléchir à un génome minimal plus sophistiqué qu’une simple « liste de courses<br />

». Par ailleurs, elles nous permettent de faire un pas, encore timide, vers la<br />

dimension topologique du problème. Rien ne permet d’exclure que l’ordre des<br />

gènes sur le chromosome bactérien – la distante relative des uns par rapport<br />

aux autres – ne soit pas de la plus haute importance pour que l’organisme<br />

puisse être viable, quand bien même la liste de gènes serait découverte.<br />

C’est ici que Venter refait son apparition. Nous l’avions laissé au seuil de la<br />

problématique du génome minimal. Il n’en est pas resté très loin cependant,<br />

puisqu’on lui doit les résultats les plus performants en termes de synthèse<br />

51. Danchin et al. (2007), “The extant core bacterial proteome is an archive of the origin<br />

of life”, Proteomics, 7(6) @.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!