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Les mondes darwiniens

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[t h o m a s h e a m s / de quoi la b iolog i e synthétiqu e est-elle le nom ?]<br />

2 <strong>Les</strong> défis théoriques de la biologie synthétique<br />

On ne saurait raisonnablement exiger d’une « discipline » naissante d’avoir<br />

d’ores et déjà clarifié toutes ses ambiguïtés théoriques. Mais puisque<br />

ladite discipline fait l’objet d’un engouement rapide, d’une capacité à attirer les<br />

investissement humains, techniques et financiers, et puisque par ailleurs elle<br />

rassemble des recherches allant des plus fondamentales aux plus appliquées,<br />

sans forcément grand lien, et où les unes pourraient, si l’on y prenait garde,<br />

servir de caution de moralité aux autres, il est néanmoins pertinent de tenter<br />

un tour d’horizon forcément partiel de ces ambiguïtés.<br />

Il n’est pas interdit en particulier d’en identifier principalement deux, à<br />

savoir le rapport qu’entretient la biologie synthétique avec la théorie de l’évolution73<br />

et celui qu’elle entretient avec la complexité du vivant, notamment<br />

dans ses manifestations les plus récemment mises en évidence.<br />

2.1 Biologie synthétique et évolution<br />

Concernant le rapport à la théorie de l’évolution, au rythme de celle-ci,<br />

on est parfois saisi de stupeur en écoutant le projet des biologistes « synthétiques<br />

». <strong>Les</strong> dynamiques évolutives seraient aléatoire, erratiques, soumises<br />

à la contingence 74 , et sous ces lois, les organismes ne seraient pas optimalement<br />

adaptés. À l’inverse, la biologie synthétique serait l’occasion, grâce à<br />

l’état de l’art de nos connaissances, de se passer des phases d’essais/erreurs<br />

pour l’obtention d’organismes modifiés, en implémentant avec précision les<br />

modules qui manquent à l’organisme pour accomplir sa nouvelle fonction. En<br />

cela, elle représenterait un gain en temps et en technicité dans notre domestication<br />

du vivant, en réécrivant rationnellement des séquences virales 75 ou en<br />

« dressant » des bactéries à lutter contre le cancer 76 . C’est d’ailleurs un point<br />

commun de la biologie synthétique avec le génie génétique « classique » à<br />

l’origine des OGM. Mais puisque l’on peut faire ce parallèle, on doit immédiate-<br />

(Andersen et al., 2009, “Self-assembly of a nanoscale DNA box with a controllable<br />

lid”, Nature, 459, 7243 @) !<br />

73. Cf. le constat critique dressé par Andrès Moya quand il intitule un récent article<br />

« Evolution vs. design » (Moya et al., 2009, “Toward minimal bacterial cells : evolution<br />

vs. design”, FEMS Microbiol. Rev., 33, 1 @).<br />

74. Cf. Barberousse & Samadi, Malaterre & Merlin, Huneman, Heams (« Variation »),<br />

Lecointre (« Récit de l’histoire de la vie… »), ce volume. (Ndd.)<br />

75. Chan et al. (2005), “Refactoring bacteriophage T7”, Mol. Syst. Biol., 1 @.<br />

76. Anderson et al. (2006), “Environmentally controlled invasion of cancer cells by<br />

engineered bacteria”, J. Mol. Biol., 355(4) @.

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