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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

1.2 Homologie primaire, homologie secondaire<br />

Le cladiste brésilien de Pinna37 a proposé de nommer « homologie primaire<br />

» l’observation d’un état de caractère chez différents taxons et « homologie<br />

secondaire » le partage de cet état par tel et tel taxons sous la forme d’une<br />

synapomorphie, à l’issue d’une procédure de type « test de congruence ». La<br />

synapomorphie, l’homogénie et l’homologie secondaire sont, dans ce contexte,<br />

des notions synonymes. L’avantage de l’expression de De Pinna est qu’elle sousentend<br />

que le passage du primaire au secondaire est lié à un traitement analytique<br />

qui ne change pas pour autant l’homologie en elle-même. L’homologie<br />

primaire serait une conjecture de parenté : en observant le « même » caractère<br />

chez deux organismes ou plus, on pense qu’il est possible que ce caractère est<br />

hérité d’un ancêtre commun. L’homologie secondaire serait une théorie de<br />

parenté, une conjecture qui a passé le test de la congruence : après analyse<br />

cladistique exhaustive et simultanée de tous les caractères chez tous les organismes<br />

étudiés, le « même » caractère observé se trouve être effectivement<br />

hérité d’un ancêtre commun.<br />

La procédure de type « test de congruence » tient de l’algorithme de<br />

parcimonie. Ce qui est identique (au moins aux yeux du systématicien) mais<br />

n’apparaît pas in fine comme homologie secondaire (synapomorphie) est de<br />

l’homoplasie. Il reste que le statut de synapomorphie ou d’homoplasie conféré<br />

aux caractères dans l’arbre n’intervient pas sur l’homologie primaire en tant<br />

que description du caractère.<br />

On peut affirmer sans trop de risques d’erreur que Darwin pensait en<br />

termes d’homologie, ou d’homogénie puisqu’il intégra l’expression due à<br />

Lankester dans la dernière édition de L’Origine. Nous ne sommes plus au cœur<br />

du xixe siècle et même si personne parmi les phylogénéticiens d’aujourd’hui<br />

ne soupçonne les notions darwiniennes d’ascendance commune (« common<br />

descent »), de proximité de descendance (« propinquity of descent ») et de<br />

degré d’ancienneté relative de l’ascendance commune (« degree of recency<br />

of common ancestry ») d’être obsolètes, certains se demandent si la notion<br />

d’homologie n’a pas fait son temps.<br />

Aussi, pour clore cette première partie consacrée au pattern insistera-t-on<br />

sur la transformation du débat. La phylogénie peut être conçue comme un<br />

pattern de parenté mais c’est autre chose d’admettre qu’elle soit simplement<br />

37. de Pinna (1991), “Concepts and tests of homology in the cladistic paradigm”,<br />

Cladistics, 7 @, p. 373-374.

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