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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

se produit en fait rarement car la nature en réseau de la régulation génique<br />

permet en quelque sorte d’absorber ces modestes déviations.<br />

Cette notion de réseau a été considérablement développée par Eric<br />

Davidson, du Californian Institute of Technology. De manière remarquable,<br />

Davidson ne travaille pas sur la drosophile mais sur un animal modèle beaucoup<br />

plus inhabituel dans les laboratoires, l’oursin. Comme on ne peut pas<br />

étudier des individus mutants chez l’oursin, faute de pouvoir les élever en<br />

aquarium, Davidson a développé une technique d’analyse systématique des<br />

enhancers au moyen de gènes rapporteurs, que je décris plus loin. Il a ainsi<br />

été le premier à généraliser une présentation nouvelle des diagrammes de<br />

régulations génétiques au cours du développement, dont on voit un exemple<br />

sur la figure 3 .<br />

1.4 <strong>Les</strong> molécules de signalisation<br />

<strong>Les</strong> réseaux de régulations géniques décrits ci-dessus, basés sur des facteurs<br />

de transcription, entrent en jeu à l’intérieur de chaque cellule. Mais l’existence<br />

de ces réseaux ne peut à elle seule expliquer le développement. En effet, les<br />

gènes de régulation et l’architecture des réseaux qui les relient, codée par<br />

les domaines enhancers, sont présents à l’identique dans chaque cellule de<br />

l’embryon, quelle que soit sa position. Pourquoi les réseaux mis en jeu dans<br />

les parties distinctes de l’embryon diffèrent-ils dès le départ ? Comment les<br />

cellules connaissent-elles leur position dans l’embryon et comment sont-elles<br />

renseignées sur ce qui se passe autour d’elle ?<br />

Le concept de signal diffusible a émergé très tôt, essentiellement avec<br />

les expériences, dans les années 1910, des embryologistes allemands Hans<br />

Spemann et Hilde Mangold sur les embryons de salamandre. En greffant un<br />

petit morceau d’une partie morphologiquement précise de la face dorsale d’un<br />

embryon précoce (gastrula) sur la face ventrale d’un autre embryon précoce,<br />

les deux chercheurs avaient obtenu des têtards siamois accolés par le ventre.<br />

Le petit morceau de tissu greffé avait donc influencé de manière décisive le<br />

développement des cellules de la face ventrale de l’embryon en les induisant<br />

à produire le dos du têtard siamois et non le ventre. C’est donc qu’un signal<br />

de position dans l’embryon avait émané des cellules greffées et avait été perçu<br />

par les cellules environnantes. La nature de ces signaux est restée longtemps<br />

vague. En 1969, l’embryologiste anglais Lewis Wolpert a proposé le terme<br />

« morphogène » pour ces signaux sécrétées qui diffusent à partir de leur source<br />

dans les cellules voisines et s’organisent en gradient à partir de cette source,

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