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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

naturel est un phénomène fondamentalement indéterministe. En effet, à partir<br />

d’un même ensemble de conditions initiales, ce processus peut conduire à des<br />

résultats différents, chacun de ces résultats ayant une probabilité spécifique d’occurrence.<br />

La conséquence est alors que la théorie de l’évolution naturelle est ellemême<br />

probabiliste ou stochastique. Au contraire, selon la « thèse déterministe »<br />

soutenue par Rosenberg, Horan et conjointement avec Graves et al. 9 , l’évolution<br />

naturelle est un processus déterministe au sens où, à partir d’un même ensemble<br />

de conditions initiales, ce processus produit toujours un seul et même résultat.<br />

Si des probabilités interviennent au sein de la théorie de l’évolution, ce n’est que<br />

par la faute de nos limitations cognitives, autrement dit de notre incapacité à<br />

connaître et à intégrer la multitude de faits singuliers qui interviennent dans le<br />

processus évolutif. La discussion s’est construite autours de quatre arguments<br />

initialement avancés par les partisans de la « thèse indéterministe » comme<br />

autant de raisons en faveur de l’indéterminisme de l’évolution.<br />

1.1 La dérive génétique aléatoire<br />

Le premier argument qu’avancent les partisans de la « thèse indéterministe<br />

» est celui de la dérive génétique aléatoire comme facteur d’indéterminisme<br />

10 . Mécanisme de l’évolution naturelle, la dérive génétique aléatoire<br />

consiste en un changement des fréquences géniques entre générations d’une<br />

population finie résultant d’une « erreur d’échantillonnage » sur la population<br />

des parents et sur la réserve de gamètes 11 . Cette « erreur d’échantillonnage »<br />

est due à la taille finie de l’échantillon.<br />

Pour illustrer ce phénomène, et son lien avec la sélection naturelle, Brandon<br />

et Carson proposent de considérer une urne remplie de 10 000 boules de<br />

deux types différents : collantes et glissantes, en nombres égaux. L’hypothèse<br />

9. Rosenberg, “Is the Theory of Natural Selection a Statistical Theory ?”, Canadian<br />

Journal of Philosophy (Suppl) 14, 1988 ; idem, “Discussion Note : Indeterminism,<br />

Probability, and Randomness in Evolutionary Theory”, Philosophy of Science, 68 ,<br />

2001 @. Horan, “The Statistical Character of Evolutionary Biology”, Philosophy of<br />

Science, 61 , 1994. Graves, Horan & Rosenberg, “Is Indeterminism the Source of<br />

the Statistical Character of Evolutionary Theory ?”, Philosophy of Science, 66, 1999<br />

@.<br />

10. Brandon & Carson, “The Indeterministic Character of Evolutionary Theory : No<br />

‘No Hidden Variables’ Proof But No Room for Determinism Either”, Philosophy of<br />

Science, 63, 1996 @.<br />

11. Cf. par exemple Roughgarden, Theory of Population Genetics and Evolutionary<br />

Ecology : An Introduction, Macmillan Publishing Company, 1979 @.

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