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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

est d’autant plus difficile que la taille des génomes croît. Cela s’apparente à<br />

un château de cartes : au fur et à mesure que le plan de construction devient<br />

plus grand, les dépendances entre les différentes parties de ce plan sont plus<br />

nombreuses. Par conséquent, l’usage d’opérateurs de variation devient de<br />

plus en plus risqué et risque d’aboutir à des plans invalides.<br />

On trouve dans la nature une solution bien différente de celle de l’architecte<br />

: à partir d’une seule cellule, un organisme tout entier peut se développer<br />

en suivant un programme défini dans le génome. Au cours du développement,<br />

toutes les cellules contiennent un programme identique qui définit les divisions<br />

cellulaires et la différenciation des rôles de chaque cellule. L’exécution de ce<br />

programme dépend pour chaque cellule du contexte, que ce soit l’âge de la<br />

cellule ou la nature des cellules voisines (les cellules se « régulant » les unes les<br />

autres). De plus, chaque cellule peut éventuellement voir son comportement<br />

influencé par l’environnement extérieur, c’est-à-dire que le développement<br />

peut être dirigé par le contexte 18 . Selon qu’une créature est plongée dans<br />

l’eau ou sur terre, on peut imaginer une légère variation au cours du développement<br />

qui favorisera l’apparition de nageoires plutôt que de pattes, ou<br />

encore une variation dans la longueur des membres. Ainsi un programme de<br />

développement simple (division cellulaire tant qu’il y a de l’eau) peut aboutir<br />

à des organismes très différents en formes ou en tailles.<br />

En évolution artificielle et robotique, cette approche est souvent nommée<br />

« ontogénie artificielle 19 », par opposition à l’évolution (« phylogénie »)<br />

artificielle (les deux idées sont donc ici combinées). De même que l’évolution<br />

artificielle s’inspire librement de la théorie darwinienne, l’ontogénie artificielle<br />

n’a pas vocation à mimer exactement le vivant 20 . L’intérêt de cette approche<br />

est de concentrer l’évolution sur un programme de développement plutôt que<br />

sur un plan : alors qu’une petite variation sur un plan pouvait être fatale, des<br />

18. Pour une conception dite du darwinisme cellulaire de la différenciation cellulaire<br />

(et donc d’une remise en cause de la notion même de « programme génétique »),<br />

cf. le chapitre de Jean-Jacques Kupiec, ce volume. La conjonction de l’approche<br />

décrite ici et de celle développée par Kupiec serait intéressante, de même que la<br />

possibilité d’un programme de recherche d’ontophylogenèse artificielle… (Ndd.)<br />

19. Bentley & Kumar (1999), “Three Ways to Grow Designs : A Comparison of<br />

Embryogenies for an Evolutionary Design Problem” @, Genetic and evolutionary<br />

computation Conference (GECCO) ; Stanley & Miikkulainen (2003), “A taxonomy<br />

for Artificial Embryogeny”, Artificial Life Journal, 9(2) @.<br />

20. Cf. Tyrrell & Jin (2011), IEEE Transactions on Evolutionary Computation, Special<br />

Issue on Evolving Developmental Systems, Vol. 15, Issue 3 @.

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