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Les mondes darwiniens

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[c h r istoph e malate r r e & franc esca m e r l i n / l’(in)dét e r m i n i s m e de l’évolution natu r e lle]<br />

reproductif des organismes, et qui intervient donc dans l’étape de sélection.<br />

Pour Glymour, il y a donc de bonnes raisons de penser que « les phénomènes<br />

évolutionnaires sont au moins parfois indéterministes, c’est-à-dire n’apparaissent<br />

que comme conséquence de la chance 33 ». De tels cas mettent en<br />

évidence le caractère indéterministe de l’évolution naturelle, et sont autant de<br />

raisons au caractère stochastique de la théorie de l’évolution naturelle.<br />

Si, pour Rosenberg 34 , l’argument apparaît convaincant dans le cas des organismes<br />

cités, il n’en demeure pas moins anecdotique. Il ne s’agit effectivement<br />

que d’un comportement très marginal au sein du règne du vivant. Comment<br />

alors faire le lien entre ce comportement là et le caractère stochastique de la<br />

théorie de l’évolution dans son ensemble ? Autrement dit, si Glymour a identifié<br />

une bonne raison de croire à l’indéterminisme du processus évolutif dans<br />

le cas des organismes qui suivent un comportement de prédation aléatoire, il<br />

ne s’agit aucunement d’une démonstration que le caractère stochastique de<br />

la théorie de l’évolution, telle qu’elle s’applique à l’ensemble du domaine du<br />

vivant, soit dû principalement au phénomène identifié, ni d’ailleurs à d’autres<br />

causes indéterministes.<br />

En outre, même si ce comportement de prédation nous apparaît comme<br />

étant parfaitement aléatoire, rien n’empêche d’imaginer qu’une connaissance<br />

plus fine des mécanismes biologiques sous-jacents et ainsi que des conditions<br />

environnementales permettent de prédire de manière très précise les<br />

comportements effectifs des organismes en question, et par conséquent leur<br />

succès reproductif. Autrement dit, tout comme dans le cas des végétaux clonés<br />

mentionnés plus haut, il est tout à fait possible que des « variables cachées »<br />

expliquent le comportement de « prédation aléatoire », auquel cas ce comportement<br />

n’aurait alors plus rien d’aléatoire. C’est une des critiques qu’adresse<br />

Millstein à Glymour : bien entendu, « nous aurions besoin d’en savoir un peu<br />

plus sur les facteurs causaux qui donnent naissance à ce comportement prédateur<br />

pour pouvoir décider quelles variables cachées sont plausibles (s’il en<br />

existe). Cependant, des variables cachées déterministes sont possibles, au<br />

moins en principe 35 ».<br />

33. Ibid., p. 528.<br />

34. Rosenberg, “Discussion Note : Indeterminism, Probability, and Randomness in<br />

Evolutionary Theory”, Philosophy of Science, 68, 2001 @.<br />

35. Millstein, “Is the Evolutionary Process Deterministic or Indeterministic ? An<br />

Argument for Agnosticism”, Biennial Meeting of the Philosophy of Science<br />

Association, Vancouver, Nov. 2000, p. 16 @.

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