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Les mondes darwiniens

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[f r a nço i s e longy / fonctions b iolog iqu es et conte n us sémantiqu es : la téléosémantiqu e]<br />

Le détour par l’histoire évolutive donne ainsi aux fonctions biologiques et<br />

à la téléosémantique un soubassement naturel qui leur permet d’éviter un<br />

certain nombre d’écueils que des théories plus abstraites, plus détachées des<br />

mécanismes évolutifs ou physiologiques réels, peuvent difficilement surmonter.<br />

Une théorie étiologique et sélective de la normativité a, en effet, l’avantage<br />

de fournir une « norme naturelle ». Cette norme naturelle, ou encore<br />

la Norme avec un grand « N » comme propose de l’écrire Millikan, se fonde<br />

sur une réalité historique, elle est une émanation de l’histoire sélective du<br />

trait ou de l’entité considéré 25 . Un cœur Normal est un cœur qui ressemble<br />

aux cœurs qui ont été précédemment sélectionnés pour l’ensemble des traits<br />

soumis dans le passé à une pression sélective.<br />

Jusqu’à maintenant, nous avons présenté ce qui milite en faveur de la<br />

téléosémantique. En recourant aux fonctions biologiques, la téléosémantique<br />

établit une connexion simple et naturelle entre biologie, éthologie et psychologie<br />

humaine, ce qui permet d’envisager dans un continuum l’évolution des<br />

capacités représentationnelles et linguistiques des animaux à l’homme. De<br />

plus, elle offre une explication robuste et substantielle de la visée et de la<br />

normativité sémantiques. L’explication est robuste car elle s’applique à tous les<br />

cas d’erreur : à celles qui sont fréquentes comme à celles qui sont rares, aux<br />

grandes déviances comme aux petites. Et elle est substantielle car elle fait fond<br />

sur des relations biologiques et non sur des distinctions relevant en partie de<br />

critères arbitraires. Maintenant, il est temps de regarder l’autre versant, celui<br />

des difficultés non résolues et des questions restées ouvertes.<br />

Nous ne pourrons pas être exhaustifs. Aussi, nous allons nous concentrer<br />

sur ce qui constitue le cœur de la téléosémantique, cœur auquel certains<br />

auteurs entendent d’ailleurs la limiter, à savoir l’explication des contenus représentationnels<br />

les plus primitifs 26 . Nous laisserons pour le moment de côté les<br />

questions qui concernent spécifiquement des individus comme nous, telles<br />

que « Comment expliquer la présence de concepts théoriques ? ». Et nous<br />

nous focaliserons sur les thèses et les exemples paradigmatiques qui ont été<br />

au centre du principal débat qu’ait suscité la téléosémantique, le débat sur sa<br />

capacité à déterminer précisément ce qu’un signe ou un signal représente. De<br />

25. Millikan, Language, Thought and Other Biological categories, MIT Press, 1984 @,<br />

p. 33-34.<br />

26. Cf. Sterelny (The Representational Theory of Mind : An Introduction, Blackwell, 1990,<br />

chap. 6) pour l’« approche modeste » qui réserve la téléosémantique aux contenus<br />

élémentaires.

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