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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

chent aujourd’hui à rendre explicites les principes de la théorie de l’évolution<br />

considèrent que la sélection est le principal mécanisme évolutif (et ce malgré<br />

les mises en garde de Gould & Lewontin 20 ) et attachent donc une grande importance<br />

à l’énoncé exact du principe de sélection naturelle, et par conséquent<br />

au concept de fitness qui figure dans la plupart de ses formulations 21 . <strong>Les</strong> problèmes<br />

soulevés par ce concept et par l’interprétation qu’il requiert forment<br />

une large part des recherches en philosophie de la biologie jusqu’à présent 22 .<br />

Ces problèmes sont tellement touffus qu’ils paraissent inextricables.<br />

Voici quelques exemples des problèmes soulevés par la notion de fitness. La<br />

métaphore originale de Darwin, selon laquelle les organismes les plus aptes (the<br />

fittest) à survivre et à se reproduire dans un milieu ont davantage de descendants,<br />

doit-elle être conservée dans la notion de fitness ? Pour poser la question<br />

autrement, ce concept doit-il être défini par des propriétés des organismes<br />

individuels les rendant mieux armés que d’autres dans le même environnement<br />

? Répondre à ces questions par l’affirmative revient à adopter une notion<br />

vernaculaire ou écologique de fitness, proche du sens courant du mot fit en<br />

anglais. La fitness d’un organisme, en ce sens, semble jouer un rôle causal dans<br />

sa capacité à survivre et à se reproduire. Cependant, comment la définir rigoureusement<br />

? Il faudrait pour cela pouvoir identifier précisément les propriétés<br />

d’un organisme qui lui permettent d’interagir de façon plus efficace que d’autres<br />

avec son environnement, ce qui semble une tâche impossible. En génétique<br />

des populations, on a complètement éliminé toute connotation écologique. La<br />

fitness est définie comme la probabilité d’avoir tel ou tel nombre de descendants.<br />

Il semble à certains 23 qu’adopter cette définition conduit à abandonner<br />

un outil explicatif important, puisque la fitness au sens écologique a pour but<br />

first law”, Journal of Philosophy, 103 (7) ; Abrams (2007), “What determines biological<br />

fitness ? The problem of the reference environment”, Synthese @.<br />

20. Dans cet article, Gould & Lewontin (1979, “The spandrels of San Marco and the<br />

Panglossion paradigm : a critique of the adaptationist programme”, Proc. R. Soc.<br />

Lond. B 205 @) dénoncent les dangers de l’adaptationnisme, c’est-à-dire la tentation<br />

de voir des adaptations partout, même dans les traits qui sont peut-être de<br />

simples effets secondaires de la sélection, ou qui se sont fixés seulement par des<br />

effets de dérive (cf. note 6). Considérer que tout trait est adaptatif au sens où il<br />

aurait été sélectionné positivement revient à être aveugle aux autres mécanismes<br />

évolutifs que la sélection.<br />

21. Cf. par exemple, Brandon (1990), Adapation and environment, Princeton UP.<br />

22. Pour une revue, cf. Brandon (2008), “Natural selection” @, Stanford Enclyclopedia<br />

of Philosophy.<br />

23. Par exemple à Bouchard (2008), “Causal Processes, Fitness and the Differential

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