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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

L’analyse des coûts résultant de ce type d’adaptations représente un important<br />

champ d’investigation en biologie évolutive à l’heure actuelle. En écologie<br />

comportementale 5 , des études ont confirmé les intuitions de Darwin en prouvant<br />

que le plumage voyant ou les longues queues de certains oiseaux mâles<br />

représentent pour ces mâles un désavantage de survie, même si elles montrent<br />

que les gènes codant pour ces caractéristiques y ont un « avantage ». Pour ce<br />

qui est des dimorphismes sexuels de taille corporelle, des études récentes<br />

ont mis en évidence, par exemple, que la grande taille des mâles à un coût en<br />

termes de succès reproductif des femelles chez la drosophile 6 .<br />

Un écart significatif de stature entre la moyenne du groupe des hommes<br />

et la moyenne du groupe des femmes existe dans l’espèce humaine : le degré<br />

de ce « dimorphisme sexuel de la stature » (DSS, pour abréger) varie lui-même<br />

légèrement suivant les populations 7 . Aucun biologiste, jusqu’à présent, n’a soutenu<br />

que le DSS pouvait avoir un coût dans l’espèce humaine. Je propose ici<br />

de montrer à la fois en quoi une petite taille est coûteuse pour les femmes et<br />

d’explorer les raisons pour lesquelles ce phénomène n’a pas eu la résonance<br />

qu’il aurait dû avoir dans le champ d’étude du DSS. Dans la première partie de<br />

ce chapitre, j’aborde les principaux modèles d’explication des dimorphismes<br />

sexuels de taille corporelle. Dans la deuxième partie, je propose un rapide<br />

état de la question en ce qui concerne l’espèce humaine. En troisième partie,<br />

je synthétise ce que j’appelle ici « l’hypothèse manquante », que j’ai exposée<br />

récemment 8 . Dans la quatrième partie, je reprends une hypothèse récente<br />

d’explication du dimorphisme formulée par la psychologie évolutionniste pour<br />

montrer comment la question des coûts a, encore une fois, été éludée.<br />

1 Quelques repères théoriques<br />

sur les dimorphismes de taille corporelle<br />

La fréquence d’une différenciation de taille entre mâles et femelles dans le<br />

monde vivant montre que la potentialité d’une différenciation sur ce critère<br />

5. Danchin et al. (2005), Écologie comportementale, Dunod.<br />

6. Pitnick & Garcia-Gonzalez (2002), “Harm to females increases with male body size<br />

in Drosophila melanogaster”, Proceedings of the Royal Society of London, Series B,<br />

269 @.<br />

7. Eveleth (1975), “Differences between ethnic groups in sex dimorphism of adult<br />

height”, Annals of Human Biology, 2 (1) @.<br />

8. Touraille (2008), Hommes grands, femmes petites : une évolution coûteuse. <strong>Les</strong><br />

régimes de genre comme force sélective de l’adaptation biologique, Éditions de la<br />

maison des sciences de l’Homme.

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