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Les mondes darwiniens

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[stephen m. d o w n e s / la psyc holog i e évolution n iste, l’a da p tat i o n et l’organ isation]<br />

biologie du comportement. Leur notion d’adaptation est trop étroite et leur<br />

adaptationnisme est incapable d’indiquer la marche à suivre pour produire<br />

des hypothèses valables quant à de potentielles adaptations, sauf dans les cas<br />

d’intrication, la complexité étant pour eux un indicateur privilégié d’organisation<br />

[a good indicator of design]. Or, comme nous l’avons précédemment vu,<br />

les adaptations ne se manifestent pas toujours de cette manière.<br />

La focalisation exclusive de la Psychologie Évolutionniste sur l’organisation<br />

pose des difficultés encore plus embarrassantes, qui lui ont valu des critiques<br />

dévastatrices de la part de Buller. Ce dernier consacre un chapitre à la<br />

conception de la nature humaine endossée par la Psychologie Évolutionniste.<br />

Cette discussion porte au-delà de notre sujet, mais jette un éclairage intéressant.<br />

Buller accuse les tenants de la Psychologie Évolutionniste de complicité<br />

objective avec la théologie naturelle, du fait de leur engouement pour une<br />

image de l’évolution produisant des « organes d’une extrême perfection ».<br />

Cette critique paraît à première vue très surprenante, car si la Psychologie<br />

Évolutionniste adhère bien à une forme explicative d’adaptationnisme, cela<br />

devrait, nous l’avons dit, la conduire à se démarquer clairement de la théologie<br />

naturelle. Comment Buller s’y prend-il ? Reprenant la controverse ayant<br />

opposé Darwin et Paley, il rappelle d’abord une chose bien connue, à savoir<br />

que « le problème des théories naturalistes, tout au long du xix e siècle, était<br />

de résoudre le problème des organisations complexes [complex design] 63 » ;<br />

il rappelle ensuite la caractère naturaliste de la solution apportée par Darwin<br />

au problème de Paley ; mais il ajoute ensuite :<br />

Tandis que la sélection naturelle fournissait un mécanisme répondant au défi<br />

de Paley, la théorie évolutionniste ne s’est jamais contentée d’expliquer comment<br />

« des organes d’une extrême complication et d’une extrême perfection<br />

» ont pu émerger par le biais de la sélection naturelle […]. Le processus<br />

de sélection naturelle n’a pas pour unique résultat des adaptations complexes.<br />

La sélection élimine également des traits au sein de certaines populations, et,<br />

probablement, des groupes et des populations entières. Depuis l’époque de<br />

Darwin, il est aussi devenu clair que le processus de sélection peut empêcher<br />

une population d’optimiser son adaptation à l’environnement.<br />

Ce passage me semble pouvoir conforter une des interprétations que je<br />

défends, à savoir que la focalisation sur les organes d’une extrême perfec-<br />

63. Buller (2005), Adapting Minds : Evolutionary Psychology and the Persistent Quest<br />

for Human Nature, MIT Press @, p. 474.

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