22.06.2013 Views

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

505 / 1576<br />

[anton i n e n icog lou / la plasticité phénotypiqu e : de la m ic roévolution à la m ac r oévo lu t i o n]<br />

ticité » a eu progressivement tendance à disparaître, non pas parce que les<br />

preuves d’un contrôle génétique de la plasticité ne sont pas probantes (bien<br />

au contraire, les différentes études réalisées semblent le confirmer), mais<br />

parce que la question du lien direct ou indirect entre gènes et caractères<br />

a été progressivement abandonnée au profit de questions portant sur les<br />

causes prochaines de la plasticité. La question se reformulerait de la manière<br />

suivante : la plasticité se caractériserait-elle par une simple sensibilité allélique<br />

ou serait-elle contrôlée par des gènes exerçant un rôle régulateur sur les gènes<br />

dont dépendrait le trait ?<br />

Ce changement de problématique, corrélé à l’extension de ce nouveau<br />

champ d’investigation qu’est la biologie moléculaire, permet de développer<br />

l’idée, proposée à l’origine par Schmalhausen et Waddington, selon laquelle<br />

la norme de réaction serait transmise et pourrait évoluer. En effet, il est progressivement<br />

admis qu’il n’y a pas de lien causal direct entre un génotype et<br />

un phénotype 58 , et que le phénotype est le produit d’un système épigénétique<br />

complexe, qui intègre à la fois des gènes capables d’interagir avec des<br />

signaux internes et externes et des gènes capables de produire ces mêmes<br />

signaux. Ce sont ces systèmes épigénétiques complexes qui se transmettent<br />

en évoluant, et non pas les variations génétiques ou alléliques spécifiques 59 .<br />

Dans cette optique, une quantité importante de travaux moléculaires et physiologiques<br />

se sont attaqués directement à la base moléculaire de la plasticité<br />

phénotypique 60 .<br />

Ces travaux, qui portaient à l’origine sur les bases génétiques de la plasticité,<br />

ne vont plus uniquement se limiter aux seuls gènes. Ainsi les systèmes<br />

hormonaux fonctionnellement flexibles des plantes et des animaux fournissent<br />

58. Pour une discussion autour de la question de savoir si un gène peut être considéré<br />

comme étant « à l’origine » d’un trait (genes “for” trait), cf. Kaplan & Pigliucci<br />

(2001), “Genes ‘for’ phenotypes : a modern history view”, Biology and Philosophy,<br />

16(2) @.<br />

59. Le premier à soulever cette question de l’hérédité épigénétique est Maynard Smith<br />

(1990), “Models of a dual inheritance system”, Journal of Theoretical Biology,<br />

143(1) @.<br />

60. Par exemple, Smith (1990), “Signal perception, differential expression within multigene<br />

families and the molecular basis of phenotypic plasticity”, Plant, Cell &<br />

Environment, 13(7) @ ; Callahan et al. (1997), “Developmental phenotypic plasticity<br />

: where ecology and evolution meet molecular biology”, BioEssays, 19(6) @ ;<br />

Aubin-Horth & Renn (2009), “Genomic reaction norms : using integrative biology<br />

to understand molecular mechanisms of phenotypic plasticity”, Molecular Ecology,<br />

18(18) @.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!