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Les mondes darwiniens

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[j u li e n de lor d / écolog i e et évolution : v e r s u n e artic u lation m u lt i-h iérarc h isée]<br />

aux autres programmes, ils appartiennent effectivement en propre à l’écologie<br />

évolutive, incorporant par là même des éléments des deux théories, aussi<br />

bien génétiques qu’écologiques, historiques que fonctionnels, synchroniques<br />

que diachroniques.<br />

De ce fait, l’écologie évolutive se démarque de l’écologie entendue au sens<br />

plus restrictif d’étude des lois et des résultats de la lutte pour l’existence en<br />

promouvant une exploration de la variation et de l’évolution des traits écologiques.<br />

Si elle s’inscrit plus que jamais dans le paradigme évolutionniste,<br />

cette discipline hybride ne reste pas dans une position ancillaire par rapport<br />

à la théorie de l’évolution comme l’écologie à l’origine ; la mise au jour des<br />

règles d’interaction écologique ainsi que l’estimation de leur résultante dans<br />

l’objectif de quantifier la fitness des entités évolutives laisse la place à l’étude<br />

des propriétés des entités éco-évolutives pour elles-mêmes (leur nature, leur<br />

diversité, leur évolution, etc.). Au lieu, par exemple, de chercher à déterminer<br />

les règles générales de la compétition entre espèces d’un même niveau trophique<br />

et à prévoir leur issue, l’écologie évolutive a pour objectif d’expliquer<br />

l’origine des traits et des capacités compétitives (comme les stratégies de<br />

défense et les adaptations organiques afférentes), tout comme le maintien de<br />

leur diversité, ainsi que les facteurs influant sur leur évolution. L’ontologie de<br />

ces objets biologiques propices à une analyse duale éco-évolutive se distingue<br />

des entités écologiques : il s’agit pour l’essentiel de traits phénotypiques, de<br />

comportements et des stratégies évolutives qui les mobilisent. On peut citer<br />

notamment les traits d’histoire de vie (l’âge à maturité, l’évolution de la sénescence,<br />

l’allocation de ressources à la progéniture, les aptitudes spécialisées<br />

ou généralistes, les stratégies de dispersion des individus, etc.), les comportements<br />

intraspécifiques relatifs à la sélection sexuelle, à la coopération et<br />

à l’altruisme, les stratégies alimentaires, le choix de l’habitat, etc. 44 On peut<br />

aussi évoquer les interactions entre espèces (prédateurs-proies, hôtes-parasites,<br />

plantes-herbivores, mutualisme et coévolution, etc.) et enfin l’étude de<br />

la diversité des espèces en tant que telle, et plus particulièrement la réponse<br />

des communautés face aux pressions écologiques d’origine anthropique.<br />

Nous allons présenter un cas concret qui illustre l’intérêt de marier dans<br />

des modèles communs les approches écologiques et évolutives grâce à une<br />

mise en synergie des temporalités écologiques et évolutives ainsi qu’à une<br />

44. Mayhew (2006), Discovering Evolutionary Ecology, Oxford UP.

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