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Les mondes darwiniens

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[priscille touraille / c oûts b iolog iqu es d’u n e petite taille pou r les h o m o sa p i e n s femelles]<br />

Le modèle de la diminution de la taille des femelles constitue un paradoxe<br />

théorique, même s’il n’est pas toujours identifié comme tel par les biologistes<br />

de l’évolution. En effet, en théorie, il serait toujours avantageux pour les femelles<br />

d’être grandes aussi chez les mammifères, en rapport à l’investissement<br />

considérable qu’ils fournissent dans la procréation. C’est l’hypothèse dite « de<br />

la grande mère » : en effet, « les mères de grande taille arrivent à produire<br />

plus de petits survivants, elles produisent des petits qui ont de meilleures<br />

chances de survie, elles peuvent mieux les porter, les protéger et assurer leur<br />

survie 15 ».<br />

Des ressources limitées seraient le facteur sélectif permettant d’expliquer le<br />

dimorphisme par réduction de la taille des femelles dans de nombreuses espèces<br />

16 . <strong>Les</strong> ressources représentent une contrainte sur la taille des mammifères<br />

femelles plus importante que sur les mâles qui, ne portant ni n’allaitant les<br />

petits, sont censés avoir de moindres besoins énergétiques et surtout protéiques.<br />

<strong>Les</strong> espèces où les femelles sont aussi grandes que les mâles sont aussi<br />

celles où les femelles ont la priorité sur la nourriture, comme par exemple chez<br />

les primates indris (Indri indri) de Madagascar. Si les femelles n’atteignent pas<br />

au moins la taille des mâles de leur espèce, c’est que les variants de grande<br />

taille, qui auraient en théorie un avantage de type reproductif, ont été contresélectionnés<br />

du fait de l’impossibilité de maintenir un grand corps dans des<br />

conditions énergétiques sub-optimales.<br />

2 L’état de la question pour l’espèce humaine<br />

Plusieurs hypothèses font consensus à l’heure actuelle dans les manuels<br />

de biologie. Pour faibles qu’elles soient, elles se renforcent mutuellement<br />

et ont, à mon sens, réussi à freiner – sinon à bloquer – l’investigation sur le<br />

DSS depuis une quarantaine d’années. Un constat récent est que le DSS dans<br />

notre propre lignée est une véritable énigme17 , mais cette position honnête<br />

n’est pas, loin s’en faut, celle que l’on trouve dans les manuels d’évolution et<br />

la littérature de vulgarisation.<br />

15. Ralls (1976), op. cit. @, p. 269.<br />

16. Martin et al. (1994), “The evolution of sexual size dimorphism in primates”, in Short<br />

& Balaban (eds), op. cit.<br />

17. Plavcan (2001), “Sexual dimorphism in primate evolution”, Yearbook of Physical<br />

Anthropology, 44 @.

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