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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

de l’éthologie en sous-disciplines comme les sciences cognitives ou l’écologie<br />

comportementale 18 . Pour préciser cet état des lieux, j’ai demandé à plusieurs<br />

scientifiques de référence dans l’étude du comportement de se définir euxmêmes<br />

dans le paysage éthologique actuel, puis de répondre à la question<br />

sous-jacente de ce chapitre, qui est de savoir ce que la théorie de l’évolution<br />

a pu apporter à l’éthologie et réciproquement : voici ce qu’il en ressort.<br />

1 Éthologie : un état des lieux explosif<br />

Décrire l’état actuel de l’éthologie pourrait revenir à commenter un feu<br />

d’artifice, tant cette science paraît écartelée entre diverses disciplines.<br />

L’étude des causes internes et externes qui poussent les animaux à agir de<br />

la façon dont nous les observons intéresse surtout la neurophysiologie et les<br />

sciences cognitives. Le développement (ontogenèse) est majoritairement sous<br />

tutelle psychologique et embryologique. Enfin, l’étude des causes relatives aux<br />

questions évolutives (phylogenèse) et aux fonctions comportementales touche<br />

à la fois à la systématique, à la génétique et à l’écologie comportementale. La<br />

confusion est telle que certaines disciplines veulent intégrer sinon ignorer les<br />

autres. C’est le cas notamment de l’écologie comportementale19 .<br />

Pierre Deleporte 20 : On observe une tendance à diviser l’éthologie en pôles<br />

d’intérêts divergents : une neurophysiologie cognitive qui ne s’intéresserait<br />

guère qu’à l’homme, une écologie comportementale qui tendrait en fait vers<br />

une biologie-génétique des populations intégrant des paramètres comportementaux<br />

(d’ailleurs on ne l’appelle pas « éthologie environnementale »). On<br />

peut tenter d’y résister en défendant le maintien d’une étude du comportement<br />

comme centre d’intérêt : expliquer les phénomènes comportementaux<br />

dans un cadre d’explications multiples et complémentaires : phylogénétique,<br />

génétique développemental, psycho-physiologique, environnemental-social.<br />

stéphane Aulagnier 21 : Si la prise en compte de l’évolution et de la systématique<br />

par l’éthologie est indéniable, l’inverse n’est pas vrai. La théorie de<br />

18. Vancassel (1999), « De la Behavioural Ecology à “l’éthologie écologique” ou le<br />

retour du phénotype », in Gervais & Pratte (dir.), éléments d’éthologie cognitive,<br />

Hermès Sciences.<br />

19. Krebs & Davies (1997), Behavioural Ecology, Blackwell @.<br />

20. Pierre Deleporte (université Rennes 1, CNRS UMR 6552, Station biologique de<br />

Paimpont). Plutôt naturaliste et biologie évolutive, il défend de par sa formation<br />

la persistance d’une éthologie visible dans toutes ses dimensions.<br />

21. Stéphane Aulagnier (Comportement et écologie de la faune sauvage, INRA,<br />

Castanet-Tolosan). Naturaliste formé à la biométrie, la génétique des populations

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