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Les mondes darwiniens

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[gu i llau m e lecoi ntr e / filiation]<br />

« primitifs » en un organisme virtuel pourrait être avantageusement qualifiée<br />

de « carte » en remplacement de la métaphore du plan. En effet, il s’agit avant<br />

tout de montrer une combinaison d’attributs et leurs connexions entre eux. La<br />

carte ne porte pas en elle-même d’idée d’intention à l’origine de l’être qui est<br />

montré, elle est une simple représentation schématique et utilitaire de ce qui<br />

est. Cependant, même dans ce cadre-là, si la carte prétend schématiser ce qui<br />

est, il faudrait alors qu’elle représente un organisme concret en le nommant,<br />

et non une combinaison idéale de caractères.<br />

Parce qu’elle fige la nature dans des étapes imaginaires là où, partout, il n’y<br />

a que transformations continues et réversibles, la notion de plan est impropre<br />

à une approche phylogénétique du vivant : un organisme n’est pas le reflet<br />

d’un plan idéel, mais une mosaïque unique de caractères qui est le fruit de la<br />

contingence de son histoire évolutive.<br />

3 La construction de l’arbre : Willi Hennig<br />

Entre 1859 et 1950, on sait dessiner des arbres mais on ne sait pas construire<br />

d’arbre. On dispose bien, depuis Darwin (1859), du niveau théorique (celui<br />

de la généalogie présumée du vivant) mais pas du niveau pratique (comment<br />

fait-on ?). Willi Hennig, entomologiste allemand, publie sa systématique phylogénétique<br />

en 1950 en allemand, mais ne sera entendu de la communauté<br />

internationale qu’en 1966 lors de la traduction de son livre en anglais31 . Quatre<br />

principes fondamentaux caractérisent la pensée hennigienne : (i) on ne classe<br />

jamais qu’un échantillon précis d’espèces ; (ii) seuls les traits dérivés, innovants<br />

au sein de l’échantillon, peuvent conduire à un regroupement taxonomique<br />

reflétant l’apparentement ; (iii) pour savoir si un trait est dérivé, il faut polariser<br />

le caractère concerné, c’est-à-dire aller voir dans quel état il est dans l’extragroupe<br />

(et faire cela pour tous les caractères disponibles) ; (iv) les groupes<br />

paraphylétiques ou polyphylétiques ne sont que des artefacts classificatoires<br />

fondés sur des traits primitifs partagés ; et une taxonomie phylogénétique ne<br />

doit admettre que les groupes monophylétiques (clades).<br />

3.1 Construction des caractères<br />

En systématique, on pratique la biologie comparée qui consiste à détecter<br />

la ressemblance entre les structures présentées parmi un échantillon d’organismes,<br />

en les comparant entre eux. On utilise une grille de lecture théorique<br />

31. Hennig (1966), Phylogenetic Systematics, University of Illinois Press @.

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