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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

mieux et transmettent ainsi plus efficacement les caractères dont ils sont porteurs<br />

lorsqu’ils sont confrontés à des conditions environnementales données<br />

(Darwin 1859). Par conditions environnementales, on entend tout ce qui est<br />

extérieur sensu stricto à l’organisme : l’environnement physique, des conspécifiques,<br />

des hétérospécifiques, etc.<br />

Documenter l’action de la sélection et donc valider la valeur adaptative d’un<br />

caractère sont souvent considérées comme des tâches délicates, en particulier<br />

dans les conditions naturelles 7 . En effet, il faut documenter pas moins que<br />

la survie et le succès reproducteur d’individus variants porteurs à différents<br />

degrés du caractère présumé adaptatif. L’action de la sélection naturelle, si elle<br />

est donc difficile à étudier et en outre d’intensité potentiellement variable, n’en<br />

est pourtant pas moins inéluctable. Une métaphore simple de la situation peut<br />

aider à le faire comprendre. Elle consiste à considérer les individus comme des<br />

objets de tailles et de formes variées confrontés à des tamis de mailles différentes.<br />

Leur passage (qualité de leur survie et de leur reproduction) à travers<br />

le tamis (conditions environnementales) sera plus ou moins aisé. À l’extrême,<br />

le passage dans le tamis sera trivial si les mailles sont assez grosses par rapport<br />

aux objets. Un observateur naïf pourra alors s’exclamer que la sélection naturelle<br />

n’est pas un concept fortement explicatif. À l’extrême opposé, le passage<br />

à travers le tamis sera subtilement difficile et seuls certains objets passeront,<br />

ce qui corroborera l’intérêt du concept. L’existence de ce tamis (les conditions<br />

environnementales sélectives) sera plus ou moins facile à percevoir en fonction<br />

de l’intensité ou de la subtilité de son action. Cela ne veut pas dire qu’il est<br />

impossible d’observer des situations où des caractères ont évolué sans grande<br />

action de la sélection (dérive neutre génétique). Cela veut dire surtout qu’il<br />

ne faut pas imaginer de situations où la sélection serait fondamentalement<br />

incapable d’agir. Autrement dit, pour ne pas commettre d’erreurs de type II<br />

(c’est-à-dire admettre de faux positifs et valider des hypothèses d’adaptation<br />

trop mal documentées et en définitive erronées), il faut prendre garde à ne<br />

pas tendre vers des erreurs de type I (c’est-à-dire admettre des faux négatifs<br />

et refuser des hypothèses d’adaptation correctes) en évacuant d’emblée la<br />

possibilité d’une action de la sélection naturelle.<br />

On voit donc que l’étude complète d’une adaptation est un travail ardu<br />

faisant intervenir plusieurs disciplines (phylogénétique et biologie des populations)<br />

et plusieurs niveaux d’observation (taxons et populations). En outre,<br />

7. Endler (1986), Natural Selection in the wild, Princeton UP @.

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