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Les mondes darwiniens

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[gu i llau m e b a l av o i n e / la génétiqu e du développement c o m pa r é e et son apport à la t héo r i e de l’évolution]<br />

à la présence de variants génétiques (les mutations) dont l’apparition est purement<br />

aléatoire, sans direction privilégiée et non adaptative. La meilleure survie<br />

et la meilleure reproduction des individus porteurs des variations avantageuses<br />

font que leurs gènes se répandent progressivement dans la population.<br />

La théorie synthétique a donc donné naissance à un nouveau champ disciplinaire,<br />

la génétique des populations, dont l’activité visait à tester la théorie<br />

par l’étude de ces variants génétiques. Mais les « mutants » sur lesquels se<br />

penchaient ces chercheurs, c’est-à-dire les variations effectivement constatées<br />

dans les populations (par exemple, les différentes variétés de coloration chez<br />

une même espèce de coccinelle) n’avaient que de petits effets, mis en place<br />

à la fin du développement embryonnaire. Dans un premier temps, il semblait<br />

donc que les gènes impliqués dans l’évolution adaptative n’eussent pas grand<br />

chose à voir avec les gènes du développement précoce déjà connus à cette<br />

époque, comme les gènes homéotiques. <strong>Les</strong> gènes du développement précoce<br />

produisent des mutants dont les effets sur la morphologie sont tellement<br />

drastiques que les individus porteurs n’ont aucune chance de survie, quel que<br />

soit l’environnement. Pendant des décennies, théoriciens de l’évolution et<br />

biologistes du développement se sont donc largement ignorés. Ici aussi, c’est<br />

l’identification moléculaire des gènes impliqués qui a permis de commencer<br />

une synthèse à partir des années 1980. Quels sont donc les gènes impliqués<br />

dans l’évolution morphologique des espèces et quelle est la nature des « mutations<br />

» qui les affectent ?<br />

3.1 <strong>Les</strong> gènes du développement précoce<br />

sont réutilisés et impliqués dans l’évolution adaptative<br />

Un certain nombre d’exemples pourraient être ici décrits mais le plus parlant<br />

d’entre eux est sans doute la découverte récente de gènes responsables<br />

de la morphologie des becs des fameux « pinsons » de Darwin. Ces pinsons<br />

sont en fait une douzaine d’espèces de géospizes (fringillidés) que Darwin a<br />

répertoriées sur les îles des Galápagos. Ces espèces sont toutes apparentées et<br />

dérivent toutes probablement d’une seule espèce ancêtre arrivée d’Amérique<br />

du Sud après la formation de l’archipel, il y a deux ou trois millions d’années.<br />

Chaque espèce s’est adaptée à une île particulière et à sa végétation, et cette<br />

spécialisation se reflète dans les formes diversifiées de leurs becs. Certaines<br />

formes à gros becs consomment principalement des graines dures, d’autres à<br />

becs fins picorent les fleurs de cactées ou attrapent des insectes. L’équipe de<br />

Clifford Tabin à l’université de Harvard a entrepris de découvrir les gènes pou-

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