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Les mondes darwiniens

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[c h r istoph e h e i ntz & n i c o l as c l a i d ièr e / les d a r w i n i s m e s conte m porai ns en sciences h u mai n es]<br />

mesure un chasseur Inuit fait des choix qui lui permettent de rapporter un<br />

nombre maximal de calories au foyer, sans pour autant mettre sa vie trop en<br />

danger. Une question qui se pose est de savoir quel est le nombre optimal de<br />

chasseurs nécessaires pour la chasse : sachant que le produit de la chasse sera<br />

ensuite partagé entre les chasseurs, ce produit croît-il suffisamment quand<br />

on accroît le nombre de chasseurs qui partent ensemble ? Cela dépend bien<br />

sûr du type de chasse qui est pratiqué. Smith calcule que pour un certain type<br />

de chasse le nombre de trois chasseurs permet de maximiser la quantité de<br />

viande par chasseur. Pourtant, il constate que les chasseurs Inuits partent<br />

généralement en plus grand nombre. L’analyse adaptationniste suggère que<br />

des contraintes supplémentaires doivent donc opérer. Smith met alors à jour<br />

une telle contrainte : un chasseur a un intérêt, en gain de viande, à rejoindre<br />

un groupe de chasseur de plus de trois plutôt que de partir tout seul ; par<br />

contre les membres du groupe d’accueil en pâtiront en termes de quantité de<br />

viande ramenée chez eux, mais ce coût à payer est moins grand que le coût<br />

social de refuser le chasseur (réprimandes par la communauté ou manque à<br />

gagner dans les futures collaborations). Ils ont donc un intérêt de type social<br />

à accepter le chasseur supplémentaire dans leur groupe.<br />

L’analyse en termes de maximisation de la fitness inclusive est aussi appliquée<br />

aux stratégies de mariage et au choix du nombre d’enfants que font<br />

les individus (l’idée étant qu’il n’est pas suffisant de maximiser son nombre<br />

d’enfants, il faut aussi maximiser leurs chances d’avoir leurs propres enfants).<br />

Un des points clef de ces analyses est qu’elles permettent de rendre compte<br />

des différences culturelles en termes de stratégies adaptatives : des conditions<br />

environnementales différentes requièrent des stratégies différentes pour<br />

maximiser la fitness inclusive. Par exemple, la polyandrie observée au Tibet<br />

peut s’expliquer comme une stratégie adaptative dans des conditions où les<br />

terrains agricoles sont petits et entièrement hérités par les aînés 10 .<br />

Ces analyses font l’hypothèse que les humains ont la capacité de choisir<br />

les comportements qui sont spécifiquement adaptés dans l’environnement<br />

qu’ils habitent. Ils peuvent s’accommoder à toutes sortes d’environnements.<br />

Pourtant, elles ne précisent pas quels sont les mécanismes sous-jacents qui<br />

of interest, relatedness, and central-place sharing”, Ethology and Sociobiology,<br />

6(27-47), 1 @.<br />

10. Crook & Crook (1988), “Tibetan polyandry : Problems of adaptation and fitness”,<br />

in Betzig et al. (eds), Human reproductive behavior : A Darwinian perspective,<br />

Cambridge.

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