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Les mondes darwiniens

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[t h o m a s h e a m s / hérédité]<br />

ser de l’une à l’autre. Ces universalités plaidaient fortement pour une unicité<br />

fondamentale du monde vivant.<br />

Cette somme de résultats fut la rampe de lancement d’une nouvelle discipline<br />

: la biologie moléculaire. Crick énonça, sans en mesurer d’abord le caractère<br />

péjoratif, ce qu’il appela le « dogme central de la biologie moléculaire »<br />

(1958) : l’information contenue dans les gènes ne peut aller que dans une<br />

direction, de l’ADN aux protéines en passant par l’intermédiaire ARN. Cette<br />

unidirectionnalité était d’ailleurs, à sa manière, une réécriture moléculaire<br />

du principe de non-hérédité des caractères acquis : toute modification des<br />

protéines ne saurait être gravée, par un quelconque flux rétrograde d’information,<br />

dans le marbre de l’ADN, et donc pas non plus transmis à la génération<br />

cellulaire. Ce « dogme » contribua largement à forger une vision génocentrée<br />

du vivant, où tout procède de l’ADN. Il est cependant nécessaire de rappeler ici<br />

que toute notion de centre en biologie est illusoire, sinon suspecte. En l’espèce,<br />

l’ADN code certes les protéines, mais les protéines sont en retour nécessaires<br />

pour la duplication et la réparation de l’ADN : le réseau de relations entre ces<br />

acteurs moléculaires n’est donc, lui, pas unidirectionnel.<br />

Avait-on, dès lors, définitivement percé les secrets de l’hérédité biologique ?<br />

Certes non, comme on va le décrire dans la suite, mais il convient de mesurer<br />

le haut niveau de généralité des phénomènes décrits à ce stade. La duplication<br />

et la conservation de l’ADN, tout comme sa possibilité de muter, générant ainsi<br />

de la variation qui ouvre la porte à une sélection naturelle en aval, sont des<br />

caractéristiques communes à tous les être vivants, uni- ou pluricellulaires, procaryotes<br />

ou eucaryotes. En cela, ils sont utiles pour comprendre les relations entre<br />

espèces, en comparant les gènes, en supposant une origine commune à ceux qui<br />

se ressemblent ; ils permettent de reconstituer une histoire évolutive des organismes<br />

– les voisinages plus ou moins proches entre espèces témoignant de leur<br />

divergence plus ou moins récente –, voire, à tenter de reconstituer une histoire<br />

globale de la vie, et tenter d’en percer les origines, au moins génétiques.<br />

5 D’autres hérédités<br />

Génétique des populations et biologie moléculaire ont donc permis de décrire<br />

l’hérédité à plusieurs échelles. <strong>Les</strong> lois de Mendel concernent les croisements,<br />

et donc les organismes à reproduction sexuée ; la découverte de l’ADN les<br />

a ancrées solidement, et a, d’une certaine manière, élargi ce spectre puisqu’elle<br />

a permis de comprendre, de manière unitaire, les bases de la transmission de<br />

matériel génétique aussi bien dans ce contexte que dans celui des divisions

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