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Les mondes darwiniens

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[c h r isti n e clavien / évolution, soc iété, éth iqu e : d a r w i n i s m e s o c i a l v e r s u s éth iqu e évolution n iste]<br />

les individus porteurs des traits altruistes, il convient de porter son attention<br />

sur les gènes responsables de ces comportements et sur la manière dont ces<br />

gènes se répandent dans l’ensemble de la population. Or, sachant que des<br />

individus parents on une bonne partie de leur gènes en commun (en général,<br />

50 % de gènes communs entre parents et enfants, tout comme entre frères<br />

et sœurs), s’il existe des gènes qui induisent des comportements altruistes en<br />

faveur d’individus parents, le désavantage occasionné pour l’agent pourrait<br />

bien, du point de vue du gène, être compensé par l’augmentation de la capacité<br />

de survie et de reproduction des proches parents (puisqu’ils ont une forte<br />

probabilité de porter des copies des mêmes gènes). La théorie de la sélection<br />

de parentèle est très puissante pour expliquer des comportements de don de<br />

soi envers les proches parents. Pour toute une série d’autres comportements<br />

coopératifs qui interviennent entre individus non apparentés, d’autres modèles<br />

explicatifs peuvent être invoqués. Il y a par exemple la théorie de la réciprocité<br />

(souvent appelée altruisme réciproque) selon laquelle il peut valoir la peine<br />

de rendre service à autrui à condition d’avoir de bonnes chances de pouvoir<br />

bénéficier dans le futur d’un retour de service de sa part 37 . Il y a également la<br />

théorie de la réciprocité indirecte selon laquelle il peut être avantageux pour<br />

un individu d’investir de l’énergie au service d’autrui ou de la communauté,<br />

afin de se forger une bonne « réputation 38 ». Ces différentes théories sont<br />

complémentaires ; il est possible que l’évolution d’un comportement social<br />

soit le résultat conjoint de plusieurs de ces mécanismes 39 . Le comportement<br />

des insectes sociaux tels que les abeilles est certainement dû à la sélection de<br />

parentèle puisque les ouvrières sont des sœurs. Quant à celui des marmottes,<br />

il peut s’agir d’un mélange de sélection de parentèle et de réciprocité.<br />

Un dernier type d’explication évolutionnaire des comportements hautement<br />

sociaux est celui de sélection de groupe 40 . Ce type de sélection n’opère<br />

ni au niveau des gènes (comme la sélection de parentèle), ni au niveau de<br />

l’avantage individuel sur le long terme (réciprocité directe et indirecte), mais<br />

au niveau du groupe. L’idée est que des comportements hautement sociaux<br />

37. Axelrod (1984), The Evolution of Cooperation, Basic Books @ ; Trivers (1971), “The<br />

Evolution of Reciprocal Altruism”, The Quarterly Review of Biology, 46 @.<br />

38. Zahavi (1977), “Reliability in communication systems and the evolution of altruism”,<br />

in B. Stonehouse & C.M. Perrins (eds.), Evolutionary Ecology, Macmillan Press.<br />

39. Lehmann & Keller (2006), “The evolution of cooperation and altruism ; a general<br />

framework and a classification of models”, Journal of Evolutionary Biology, 19 @.<br />

40. Wilson (1975), “A theory of group selection”, PNAS USA, 72 @.

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