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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

maternelle jusqu’à vingt-sept ans après la naissance ! Réciproquement, on a<br />

montré que des cellules maternelles passaient en petit nombre chez l’embryon<br />

via la circulation, et chez le nouveau-né via l’allaitement. Leur origine même<br />

est multiple, puisqu’elles peuvent provenir de la mère, bien sûr, mais aussi de<br />

la grand-mère, ou encore d’un grossesse antérieure et ainsi passer dans la fratrie.<br />

Ces phénomènes ne sont pas de nature à bouleverser les lois de l’hérédité<br />

puisqu’ils ont lieu en parallèle à la lignée germinale, et qu’ils concernent un<br />

nombre très limité de cellules, mais même s’ils sont quantitativement de faible<br />

importance, il pourraient être mis en relation avec certaines maladies, comme<br />

par exemple la transmission mère-enfant du VIH.<br />

6 Une hérédité non mendélienne :<br />

le « retour » de l’épigénétique<br />

Dès 1946, Conrad Waddington avait forgé le terme « épigénétique » pour<br />

évoquer les interactions entre les gènes et l’environnement qui conduisent<br />

à la réalisation du phénotype. Par ce concept, qu’il avait illustré sous la<br />

forme de « paysage épigénétique », il défendait l’idée qu’un même génotype<br />

pouvait donner lieu à plusieurs phénotypes différents, comme on peut évidemment<br />

l’observer dans des organismes multicellulaires où plusieurs tissus<br />

existent et sont pourtant formés de cellules génétiquement identiques. Cela<br />

s’applique aussi au constat de différences phénotypiques significatives pouvant<br />

exister entre jumeaux monozygotes. Le terme « épigénétique » a effectué un<br />

retour en force ces dernières années13 quand des phénomènes moléculaires<br />

sont venus expliquer des formes d’hérédité qui ne semblaient pas suivre les<br />

lois de Mendel, dites en conséquence « non mendéliennes ». <strong>Les</strong> mécanismes<br />

épigénétiques sont d’une grande complexité, de sorte qu’il est actuellement<br />

difficile d’en avoir une vue d’ensemble cohérente. On peut néanmoins énoncer<br />

succinctement ici les plus étudiés à ce jour, sinon les plus significatifs. On sait<br />

notamment que certains segments de l’ADN peuvent être ou non méthylés<br />

(une modification chimique sur les cytosines), que cet état méthylé ou non est<br />

conservé au travers de la mitose, et que celui-ci a une influence sur l’expression<br />

du gène concerné. En bref, il ne suffit plus de connaître la séquence d’un<br />

13. Jablonka & Lamb (1995), Epigenetic Inheritance and Evolution : the Lamarckian<br />

Dimension, Oxford University Press @ ; idem (2005), Evolution in Four Dimensions :<br />

Genetic, Epigenetic, Behavioral, and Symbolic Variation in the History of Life, MIT<br />

Press @.

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