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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

le risque d’une typologie que de trancher dans ce qui apparaît plutôt comme<br />

un continuum d’idées et de conceptions.<br />

L’« Old Earth Creationism » (créationnisme de la Terre âgée), quant à lui,<br />

est moins littéraliste et ne se focalise pas sur l’âge de la Terre et de l’univers,<br />

laissant le soin, non pas aux théologiens, mais aux scientifiques, d’en déterminer<br />

l’âge. Cependant, pour mériter cette appellation de « créationnisme », ce<br />

mouvement possède cette caractéristique essentielle : le monde est créé par<br />

Dieu. Et les textes sacrés sont une référence suprême. Il a pour but d’étudier<br />

les concordances entre le récit théologique et les données des sciences. Le<br />

titre de ce livre, appartenant à ce courant, l’illustre très bien : Genesis and the<br />

Big Bang Theory : The Discovery of Harmony Between Modern Science and the<br />

Bible, de Gerald Schroeder (1991). Il existe des variantes au sein de cette catégorie<br />

; soulignons-en une qui montre éloquemment que cette accointance avec<br />

les sciences et leur différence – ténue – avec le créationnisme « à l’ancienne »<br />

n’est souvent qu’un alibi tactique, apte à faire tendre l’oreille au public de la<br />

fin du xx e siècle, qui ne peut ignorer que les sciences existent.<br />

Donc, le « Day-Age Creationism » soutient que les « jours » dont parle la<br />

Genèse ne sont pas des jours « littéraux », comptant 24 heures, mais des jours<br />

« symboliques » valant pour des millions ou des milliards d’années ! Ainsi, le<br />

temps biblique se confond, peu ou prou, avec le temps des géologues ou des<br />

géophysiciens (selon l’état de la science, ils parlent en millions d’année/jour<br />

ou en milliards d’années/jour). Cette élucubration permet à certains tenants<br />

de cette idée de développer un argumentaire non plus fixiste, comme dans<br />

les formes les plus strictes du créationnisme, mais relevant de cette catégorie<br />

générale de « l’évolutionnisme théiste ». Le but de la manœuvre est clair :<br />

c’est à une réhabilitation de la Genèse que l’on assiste, puisqu’il n’est pas dit<br />

que ce récit est faux, mais qu’il est écrit dans un langage simple, symbolique,<br />

à l’usage des masses appartenant aux époques préscientifiques. Il en découle<br />

que la Genèse est vraie puisque la science dit son contenu seulement en des<br />

termes plus précis et non pas en contradiction avec lui ; que l’opération de<br />

récupération est complète et habile car elle concilie les deux <strong>mondes</strong> de la<br />

science et de la religion, que des conceptions comme le matérialisme dissocient<br />

totalement 3 . Remarquons que la présente doctrine du Vatican en ce<br />

3. Cf. Bricmont (2001), « Science et religion : l’irréductible antagonisme » @, in J.<br />

Dubessy & G. Lecointre (dir.), Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles<br />

en sciences, Syllepse ; Silberstein (2008), « Science(s) et matérialisme(s) : examen

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