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Les mondes darwiniens

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[pi e r r e poirier & luc fau c h e r / des sciences cog n itives évolution nai r es dou b le m e nt exte r nalistes]<br />

3.2 Le développement de la reconnaissance des visages<br />

Une autre source de données vient remettre en question la position internaliste<br />

évoquée au début de cette section, soit les données sur le développement.<br />

Une première chose à noter au sujet du développement de la capacité<br />

à reconnaître les visages est que les bébés ont une acuité visuelle médiocre 68 ,<br />

laquelle ne leur permet pas de voir les détails du visage (le système visuel n’est<br />

alors sensible qu’aux fréquences spatiales basses et à des valeurs élevées de<br />

contraste 69 ). C’est pour cela que les bébés n’utilisent pas les mêmes informations<br />

que les nôtres pour reconnaître les visages 70 . En fait, il semble que,<br />

contrairement aux adultes, les bébés n’utilisent pas l’information configurale,<br />

mais plutôt le contour du visage (ce qui expliquerait pourquoi les bébés ne<br />

reconnaissent pas leur mère si celle-ci modifie sa coupe de cheveux et qu’ils ne<br />

préfèrent pas son visage à celui des autres si l’on en cache les contours 71 ).<br />

expertise qui est acquise par presque tous. Bukach et al. (2006, “Beyond Faces and<br />

Modularity : The Power of an Expertise Framework”, Trends in Cognitive Sciences,<br />

10(4)@), citent une expérience intéressante qui démontre clairement le rôle de<br />

l’expertise dans la reconnaissance des visages. On sait que lorsque l’on demande<br />

à des sujets de traiter deux visages en même temps, leur capacité à reconnaître<br />

les visages est affectée, ce qui n’est pas le cas si l’on demande de traiter un visage<br />

normal et un où les traits sont distribués au hasard. On a donc demandé à des<br />

sujets de traiter simultanément des visages et les objets de leur expertise (par<br />

exemple, les greebles). Dans ce cas, on observe que les experts dans la reconnaissance<br />

des voitures à qui l’on présente des voitures en même temps que des visages<br />

montrent un traitement holistique des visages plus bas que ceux qui sont novices<br />

en matière de voitures. Cela tend donc à montrer que les demandes concernant<br />

l’expertise et celles pour la reconnaissance des informations holistiques du visage<br />

utilisent la même ressource.<br />

68. Cf. Dannemiller (2001),“Brain-Behavior Relationships in Early Visual Development”,<br />

in Nelson & Luciana (eds.), Handbook of Developmental Cognitive Neuroscience,<br />

MIT Press @.<br />

69. Cf. de Schonen S. (2009), « Percevoir un visage dans la petite enfance », L’évolution<br />

psychiatrique, 74 @.<br />

70. Dans cette section, nous parlerons de la reconnaissance des visages chez les bébés<br />

comme si elle se faisait indépendamment des autres modalités sensorielles. Il<br />

apparaît cependant que la voix de la mère, entendue par le fœtus pendant la gestation,<br />

joue un rôle dans l’identification de la mère. Si on prive un enfant des inputs<br />

auditifs de la voix de sa mère tout de suite après la naissance, la reconnaissance<br />

du visage de celle-ci subit un délai (Pascalis & Kelly, 2009, “The Origins of Face<br />

Processing in Humans : Phylogeny and Ontogeny”, Perspectives in Psychological<br />

Sciences, 4(2)@).<br />

71. Cf. Karmiloff-Smith (1995), “Annotation : The Extraordinary Cognitive Journey from<br />

Fœtus through Infancy”, Journal of Child Psychology and Psychiatry, 36 (8) @.

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