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Les mondes darwiniens

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[priscille touraille / c oûts b iolog iqu es d’u n e petite taille pou r les h o m o sa p i e n s femelles]<br />

sélection naturelle 64 . Aucun de ces théoriciens n’a remis en cause que ces<br />

caractères représentaient en eux-mêmes un handicap en termes de survie<br />

pour leurs porteurs.<br />

En ce qui concerne l’existence de « préférences » des hommes pour des<br />

femmes de petite taille, les auteurs auraient dû rendre visible un important<br />

paradoxe. En effet, si les enfants de mères grandes ont de meilleures chances de<br />

survie, si les femmes petites courent plus de risques à l’accouchement, et si la<br />

taille du père joue dans la taille du fœtus, les hommes auraient, contrairement<br />

à ce qu’on observe, un « intérêt reproductif » à choisir des femmes qui sont<br />

les plus grandes possibles pour maximiser leur propre succès reproducteur. Or,<br />

cette proposition, à laquelle on pouvait s’attendre en raison de la littérature<br />

existante, et qui aurait été particulièrement marquante dans le débat sur la<br />

sélection sexuelle, est comme boycottée. Mueller & Mazur 65 soutiennent que<br />

les difficultés obstétriques ne sont pas reliées à la taille des femmes, à partir<br />

d’une seule référence. Ils passent donc sous silence la masse de publications<br />

qui, depuis une trentaine d’années, s’est peu à peu accumulée pour prouver,<br />

justement, le contraire. Nettle 66 , de son côté, dit que si les hommes délaissent<br />

les femmes grandes c’est parce qu’ils n’ont pas de raison évolutive de les choisir,<br />

une grande taille n’étant pas un « indicateur de fertilité » pour les hommes.<br />

Nettle ne va pas jusqu’à soutenir que les hommes choisissent les femmes petites<br />

parce qu’une petite taille est un indice de fertilité ; il inverse la proposition en<br />

disant que si les femmes grandes n’intéressent pas les hommes, c’est qu’une<br />

grande taille n’est pas un indice de fertilité. De manière assez insolite – est-ce<br />

poussé par les publications critiques émanant de l’écologie comportementale<br />

humaine ? –, Nettle a écrit récemment, dans une étude menée par un des ses<br />

étudiants, le contraire de ce qu’il formulait six ans plus tôt. L’étude, qui porte sur<br />

une population du Guatemala, confirme qu’une grande taille est (en effet), pour<br />

les femmes, un caractère indiquant la capacité à se reproduire avec succès 67 .<br />

64. Ridley (1997), Évolution biologique, De Boeck Université. [Cf. Huneman sur la sélection,<br />

ce volume. (Ndd.)]<br />

65. Mueller & Mazur (2001), “Evidence of unconstrained directional selection for male<br />

tallness”, Behavioral Ecology and Sociobiology, 50 (4) @, p. 308.<br />

66. Nettle (2002), “Women’s height, reproductive success and the evolution of sexual<br />

dimorphism in modern humans”, Proceedings of the Royal Society of London, 269<br />

@.<br />

67. Pollet & Nettle (2008), “Taller women do better in a stressed environment : height<br />

and reproductive success in rural Guatemalan women”, American Journal of Human<br />

Biology, 20 @.

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