22.06.2013 Views

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

1424 / 1576<br />

[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

la relation sémantique va de pair avec la possibilité de l’erreur. Une abeille<br />

dont les danses sont telles qu’elles conduisent ses congénères à aller dans des<br />

endroits où il n’y a jamais eu de nectar sera, pour l’éthologiste, une abeille<br />

tarée ou malade qui produit de mauvaises danses, des danses qui induisent<br />

en erreur en indiquant des emplacements non visités ou dénués de nectar au<br />

moment où ils ont été visités.<br />

L’éthologie fait ainsi clairement le lien entre sémantique et biologie. Le<br />

passage de la sémantique humaine à la sémantique animale sans solution<br />

de continuité se justifie dès l’adoption d’une perspective naturaliste, mais la<br />

connexion ainsi établie est vague. <strong>Les</strong> théories naturalistes du contenu, telle<br />

la téléosémantique, interviennent à l’étape suivante en donnant à cette continuité<br />

un contenu précis. Elles se proposent, en effet, d’expliquer comment<br />

des types de comportement ou d’événement neuronal peuvent effectivement<br />

s’analyser comme des systèmes de signes capables de représenter ou signifier<br />

des choses telles que : Nectar dans telle direction à telle distance ; Il y a de la<br />

bière dans le frigo ; ou encore E = MC 2 . L’application du principe méthodologique<br />

cartésien, selon lequel il faut toujours commencer par le plus simple,<br />

explique la place importante que les téléosémanticiens accorderont à l’étude<br />

d’exemples biologiques relativement élémentaires.<br />

Le projet d’une théorie naturaliste de l’intentionnalité, lancé dans les<br />

années 1970 dans le cadre du fonctionnalisme de l’époque, se fondait au<br />

départ sur une approche causale et informationnelle 17 . En gros, il s’agissait<br />

d’analyser les relations sémantiques comme des relations informationnelles<br />

particulières. Un type d’événement (ou d’état) véhicule des informations à<br />

propos d’un autre type d’événement (ou d’état) s’il existe une corrélation<br />

systématique et non accidentelle entre les deux, comme celle qui existe entre<br />

la température et la hauteur d’une colonne de mercure dans certaines conditions.<br />

L’idée directrice était que toute relation sémantique est avant tout une<br />

relation informationnelle. Cette approche s’est rapidement trouvée confrontée<br />

17. Stampe, “Toward a Causal Theory of Linguistic Representation” @, in P.A. French<br />

et al. (eds), Midwest Studies in Philosophy : Studies in the Philosophy of Language,<br />

vol. 2, University of Minnesota Press, 1977. Dretske, Knowledge and the Flow of<br />

Information, MIT Press, 1981 @. Fodor, “Semantics, Wisconsin style”, Synthese,<br />

59, 1984 @. Fodor, Psychosemantics : The Problem of Meaning in the Philosophy<br />

of Mind, MIT Press, 1987 @. [Ndd : sur l’apport de Dretske à ce projet, cf. Lorne,<br />

« La naturalisation de l’intentionnalité : approche et critique de la théorie de Fred<br />

Dretske », Matière première, revue d’épistémologie et d’études matérialistes, 1, 2006<br />

@, article que nous proposons ici, à la suite du chapitre de Françoise Longy.]

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!