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Les mondes darwiniens

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[t h o m a s h e a m s / va r i at i o n]<br />

pouvaient se trouver en plusieurs copies sur un même génome, en tandem<br />

(les uns derrière les autres) ou parfois sur des positions distantes. On peut<br />

observer dans ce cas un éventail de situations : toutes les copies peuvent être<br />

véritablement identiques, codant la même protéine, permettant qu’elle soit<br />

produite en quantité confortable. Dans d’autres cas, certaines copies peuvent<br />

être dégradées, au point qu’elles ne sont plus fonctionnelles : on parlera alors<br />

de « pseudogènes », elles sont la trace d’une duplication ancienne dont la<br />

pérennité n’a pas ou plus évolutivement d’utilité. On peut aussi observer<br />

des gènes codant pour des protéines légèrement différentes, par exemple<br />

adaptées à différents stades de vie d’un organisme. La copie avec modification<br />

d’un gène existant aura ici été la solution évolutive efficace pour créer<br />

un variant proche. Certaines séquences génétiques dites éléments mobiles<br />

ou « transposons », et dont la structure peut ressembler au génome de<br />

certains virus, peuvent ainsi se déplacer en se dupliquant dans le génome.<br />

L’ampleur de ces mouvements est très grande puisque l’on estime grosso<br />

modo que ces éléments mobiles plus ou moins dégradés couvrent la moitié<br />

du génome. Remarquons ici qu’il n’est peut-être pas inutile d’avoir tant<br />

d’ADN « non codant », qui intrigue tant, et ainsi de diminuer la probabilité<br />

que ces éléments s’insèrent dans des régions codantes ! Ce qui a été observé<br />

beaucoup plus récemment en revanche, c’est l’ampleur de variations de cet<br />

ordre y compris entre individus d’une même espèce, alors que l’on pensait<br />

il y encore peu de temps que la structure génomique d’une espèce donnée<br />

était plutôt stable. Ce que l’on appelle désormais « variation du nombre de<br />

copies » (connue sous l’acronyme anglais CNV) décrit une réalité complexe,<br />

où d’un individu à l’autre des portions entières de génome (arbitrairement<br />

définies comme supérieures à 1 000 bases) peuvent se retrouver dupliquées<br />

ou non, provoquant des différences quantitatives de longueur importante<br />

puisque ces CNV cumulées peuvent couvrir des régions de plusieurs centaines<br />

de mégabases, y compris codantes, soit jusqu’à 10 % de la longueur totale<br />

d’un génome comme celui de l’homme ! 9 Cela ouvre la porte à une redéfinition<br />

de la notion d’espèce 10 d’un point de vue génomique, ou à tout le moins<br />

d’une vision plus continue du passage de l’une à l’autre.<br />

9. Iafrate et al. (2004), “Detection of large-scale variation in the human genome”, Nat.<br />

Genet., 36 (9) @ ; Sebat et al. (2004), “Large-scale copy number polymorphism in<br />

the human genome”, Science, 305 (5683) @.<br />

10. Cf. Samadi & Barberousse, ce volume.

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