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Les bamakois diplômés de Paris

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soif, ou si tu veux aller aux toilettes, tu seras toujours le bienvenu », me diton<br />

ailleurs. C’est avec la tombée <strong>de</strong> la nuit que les portes <strong>de</strong>s maisons se<br />

ferment.<br />

La porte ouverte est un signe <strong>de</strong> « générosité » – une valeur cotée très haut au<br />

Mali dont j’aurais l’occasion <strong>de</strong> reparler. Elle est aussi un accès direct à l’intérieur <strong>de</strong><br />

la maison, une invitation tacite à entrer, que l’on soit étranger, ami ou membre <strong>de</strong> la<br />

famille – du moins le dit-on. Ainsi, quelques-unes <strong>de</strong>s activités biologiques du jour –<br />

manger, boire, faire ses besoins – peuvent être accomplies « chez le voisin ». Par<br />

exemple, la famille D. anticipe quotidiennement la visite imprévue d’une personne<br />

souhaitant se nourrir :<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

[Bamako, le 15-11-2007] Prêt à déjeuner, Mamadou découvre le récipient<br />

principal, remplit <strong>de</strong> riz. Il en ôte, à la main, quelques poignées qu’il place sur<br />

le couvercle. J’en ignore la raison et le questionne à ce propos. Mamadou<br />

m’explique que ce riz est <strong>de</strong>stiné aux « gens qui passeront dans l’après-midi<br />

et qui veulent manger. Le riz du midi reste blanc, c’est pour prouver qu’il est<br />

du midi, qu’il est bon. Et puis, ici, on déteste gaspiller. »<br />

Chez les D., la réception <strong>de</strong>s hôtes, s’effectuant généralement dans la cour <strong>de</strong> la<br />

maison, est davantage une responsabilité féminine. Le visiteur, franchissant le seuil<br />

<strong>de</strong> la maison, fait un pas dans le mon<strong>de</strong> privé, un mon<strong>de</strong> contrôlé par les femmes :<br />

« Tu sais pourquoi les femmes se mettent toujours au même endroit dans la<br />

cour Parce que, comme ça, elles voient toute la maison. Elles peuvent bien<br />

voir qui entre, qui sort, qui mange, <strong>de</strong> bien s’organiser, <strong>de</strong> servir au bon<br />

moment… C’est la maman qui gérait ça avant qu’elle décè<strong>de</strong>. » Mamadou.<br />

La femme la plus âgée est la maîtresse <strong>de</strong> maison. Son statut d’aîné lui impose<br />

<strong>de</strong> garantir l’hospitalité au visiteur (l’inviter à s’asseoir et lui offrir un verre d’eau sont<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s premières règles <strong>de</strong> politesse à observer). Mais elle doit également « faire <strong>de</strong><br />

la maison […] le réceptacle <strong>de</strong> la prospérité qui lui advient du <strong>de</strong>hors 1 », ce<br />

qu’explique Ibrahim, le frère <strong>de</strong> Mamadou :<br />

1 Op.cit., Bourdieu, 2000, p.74.<br />

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