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Les bamakois diplômés de Paris

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Parallèlement aux filières privées et publiques, dans lesquelles la gran<strong>de</strong><br />

majorité <strong>de</strong>s enquêtés ont fait leur scolarité, il existe une école appelée «Me<strong>de</strong>rsa ».<br />

Elle est une école confessionnelle islamique où les enseignements religieux et général<br />

sont mêlés et dispensés en arabe. Ses structures d’enseignement sont similaires à<br />

l’école publique laïque. Néanmoins, le français y constitue une matière comme une<br />

autre (à raison <strong>de</strong> 4H30 par semaine). Yaya (cf. les personnages <strong>de</strong> l’enquête) est le<br />

seul enquêté à avoir suivi ce cursus et répondait ainsi à la volonté <strong>de</strong> ses parents.<br />

C. L’individualisation à l’école<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

La place <strong>de</strong> l’École dans la société malienne ne va pas <strong>de</strong> soi : d’abord parce<br />

qu’elle ne concerne qu’une minorité <strong>de</strong> la population mais aussi parce qu’elle s’est<br />

construite sur une problématique ambivalente et toujours actuelle.<br />

D’un côté, on se représente l’École comme une étape incontournable pour<br />

l’accession au statut d’instruit et à certaines professions (avocats, mé<strong>de</strong>cins,<br />

pharmaciens, diplomates pour reprendre quelques-uns <strong>de</strong>s métiers qui ont été ceux<br />

<strong>de</strong>s pères <strong>de</strong>s enquêtés). Mais <strong>de</strong> l’autre côté, on pense que l’École individualise et,<br />

par voie <strong>de</strong> conséquence, qu’elle représente un « danger » pour la société : celui <strong>de</strong><br />

mettre à mal le modèle familial basé sur la <strong>de</strong>tte intergénérationnelle.<br />

« Nous, on a peur que nos enfants soient élevés comme ça : sans solidarité.<br />

[…] Mais j’ai <strong>de</strong>s frères, <strong>de</strong>s cousins, leurs enfants mais ils se comportent<br />

comme ça… Quand nos parents n’ont plus l’âge, c’est pour les entretenir,<br />

s’occuper <strong>de</strong> nos parents. Mais eux là, c’est “chacun pour soi“. J’ai <strong>de</strong> la<br />

famille, les enfants sont allés à l’école et après ils ont quitté leurs parents, ils<br />

sont partis faire leur vie. Mais chez nous, même si tu fais ta vie, les parents,<br />

c’est les parents. Quand ils sont vieux, ils ont besoin <strong>de</strong> nous. C’est eux qui<br />

nous ont mis au mon<strong>de</strong>. La mentalité africaine c’est ça : tu es jeune, tu as la<br />

force <strong>de</strong> les éduquer, plus tard, quant ils <strong>de</strong>viennent quelqu’un, eux, ils te<br />

ren<strong>de</strong>nt la monnaie. C’est à eux <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> toi. C’est pour ça que je dis<br />

toujours à mes enfants : “Vous avez vu quand moi j’ai les moyens, je<br />

m’occupe <strong>de</strong> mes frères, <strong>de</strong> mes sœurs… J’ai perdu ma mère, il y a 14 ans. <strong>Les</strong><br />

frères, ils n’avaient pas les moyens... C’est moi qui m’occupais d’eux. Il faut<br />

être solidaire entre vous. Quand vous avez les moyens, il faut donner un coup<br />

<strong>de</strong> main à l’autre. C’est comme ça que nous on a été élevé. Il faut jamais vous<br />

séparer dans la vie“. Mais, ce que je vois, chez certains enfants, la mère, le<br />

fils s’en occupe pas quoi... On peut pas faire ça, jamais <strong>de</strong> la vie. J’ai jamais<br />

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