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Les bamakois diplômés de Paris

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et <strong>de</strong> valeurs qui lui est propre et qui, <strong>de</strong> ce fait, détermine <strong>de</strong>s modalités<br />

d’intégration et d’adaptation spécifiques.<br />

Ensuite, la notion <strong>de</strong> groupe <strong>de</strong> référence met l’accent sur les groupes en<br />

présence, ceux auxquels l’individu appartient, certes, mais aussi ceux auxquels<br />

l’individu n’appartient pas (mais auxquels ils se réfèrent). Cette coprésence entraîne<br />

<strong>de</strong>s effets particuliers et implique <strong>de</strong> considérer les éléments économiques et sociaux<br />

qui organisent les rapports inter-groupes. Cela suppose également <strong>de</strong> nommer les<br />

groupes <strong>de</strong> référence, ce qui ne va pas sans poser quelques difficultés :<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

« L’ambiguïté du terme <strong>de</strong> groupe – écrivent Didier Anzieu et Jacques Yves<br />

Martin - est d’ailleurs fâcheuse, puisque les sociologues parlent <strong>de</strong> groupes<br />

sociaux pour désigner par exemple <strong>de</strong>s classes sociales ou <strong>de</strong>s catégories<br />

socioéconomiques. Il serait souhaitable <strong>de</strong> réserver l’usage scientifique du<br />

vocable groupe à <strong>de</strong>s ensembles <strong>de</strong> personnes réunies ou qui peuvent ou<br />

veulent se réunir. 1 »<br />

La critique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux auteurs mérite que l’on s’y arrête un moment.<br />

« Nommer les choses », cet acte <strong>de</strong> la recherche reste un défi pour les sciences<br />

sociales, quelle que soit la discipline considérée. La catégorie « Africain » constitue<br />

un bon exemple. Comme je l’ai dit précé<strong>de</strong>mment, cette catégorie est floue. Elle ne<br />

rend pas compte <strong>de</strong> l’hétérogénéité <strong>de</strong>s populations qui se différencient pourtant<br />

selon <strong>de</strong>s oppositions géographiques, nationales, sociales, etc.<br />

Mais que faire lorsque mes interlocuteurs déclarent appartenir au « groupe<br />

africain » en référence au « groupe majoritaire » qu’ils nomment « Français » ou<br />

« Blancs » Ces assignations i<strong>de</strong>ntitaires contribuent, au moins symboliquement, à<br />

faire exister les groupes, à instaurer une frontière symbolique entre eux. L’erreur<br />

consisterait alors à ériger ces catégories en groupes « concrets », c'est-à-dire « <strong>de</strong>s<br />

ensembles <strong>de</strong> personnes réunies ou qui peuvent ou veulent se réunir ».<br />

Le groupe <strong>de</strong> référence renvoie donc à <strong>de</strong>s ensembles <strong>de</strong> personnes qui se<br />

désignent et/ou sont désignés comme ayant <strong>de</strong>s traits supposés communs (l’origine<br />

sociale par exemple) sans pour autant qu’elles soient nécessairement réunies (c'est-àdire<br />

en interaction directe les unes avec les autres).<br />

1 Didier Anzieu, Jacques Yves Martin, La dynamique <strong>de</strong>s groupes restreints, <strong>Paris</strong>, PUF, Quadrige<br />

Manuels, [1968], 2009, p. 29.<br />

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