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Les bamakois diplômés de Paris

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éceptionnent les nouveaux arrivants, les hébergent, les accompagnent dans leurs<br />

démarches quotidiennes (trouver un travail par exemple) et dans leur découverte <strong>de</strong><br />

<strong>Paris</strong> (sa géographie, les façons <strong>de</strong> s’y déplacer, etc.).<br />

A. Une solidarité sous conditions<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

L’idée commune <strong>de</strong> l’immigration africaine est celle d’une immigration<br />

solidaire. La plupart <strong>de</strong>s gens s’imaginent le nouvel arrivant accueilli « à bras<br />

ouverts » au sein <strong>de</strong> sa « communauté », laquelle lui offre assistance et protection.<br />

Cette entrai<strong>de</strong> – a priori inconditionnelle – pourrait entrer dans ce que Jean Pierre<br />

Olivier <strong>de</strong> Sardan appelle l’« obligation morale d’assistance mutuelle» : « on ne<br />

saurait refuser un service, une faveur, un « piston », une complaisance, à un parent, à<br />

un ami. On ne saurait pas plus refuser tout cela à quelqu’un qui vous est envoyé « <strong>de</strong><br />

la part » <strong>de</strong> l’un d’entre eux. Le cercle <strong>de</strong> ceux à qui on se sent obligé <strong>de</strong> rendre service<br />

est donc remarquablement large 1 ».<br />

Ce discours sur la « solidarité africaine » est toujours largement tenu, y compris<br />

par certains <strong>de</strong> mes interlocuteurs : « un Africain qui n’est pas solidaire n’est pas<br />

africain » (Jules). Néanmoins, les situations d’accueil qui m’ont été rapportées<br />

forcent à nuancer cette conviction générale d’une « solidarité » envers et contre tout.<br />

Certes, le capital <strong>de</strong> relations sociales à <strong>Paris</strong>, mobilisé <strong>de</strong>puis Bamako, est <strong>de</strong><br />

première importance pour l’installation <strong>de</strong>s nouveaux arrivants. Et il repose<br />

effectivement sur une logique d’entrai<strong>de</strong> <strong>de</strong> réseau, celle, par exemple, d’accueillir<br />

« chez soi » le fils <strong>de</strong> son frère aîné :<br />

« C’est sûr qu’on ne peut pas te dire “non“, surtout si c’est la famille…. Mon<br />

oncle [en France] disait à mon père : “pas <strong>de</strong> problèmes, il peut venir“. C’est<br />

normal, c’est la famille, c’est le petit frère <strong>de</strong> papa… Dans ma tête, je me suis<br />

dit : je viens, je trouve du travail et dès que j’ai une situation je me<br />

débrouille… Mais ça ne s’est pas passé comme ça, vraiment.» Moussa.<br />

Dans les faits, l’arrivée d’un individu dans un groupe social déjà constitué pose<br />

toutes les questions relatives à l’adaptation (processus par lequel un individu<br />

s’approprie le groupe) et l’intégration (processus par lequel le groupe s’approprie<br />

1 Jean Pierre Olivier <strong>de</strong> Sardan, « L’économie morale <strong>de</strong> la corruption en Afrique », Politique<br />

Africaine, n°63, 1996, p. 105.<br />

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