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Les bamakois diplômés de Paris

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[<strong>Paris</strong>, le 22.06.05] Installés au « Bon Pêcheur » - café situé à Châtelet -,<br />

Mamadou et moi évoquons la signification <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> famille en Afrique <strong>de</strong><br />

l’Ouest. M’invitant à prendre <strong>de</strong>s notes, il sort son téléphone portable et<br />

parcourt son répertoire. À chaque prénom, il associe un nom <strong>de</strong> famille, au<br />

nom <strong>de</strong> famille, une région du Mali, à cette région une ethnie : « Camara,<br />

région <strong>de</strong> Kayes, Malinké ; Doucouré, région <strong>de</strong> Kayes, Sarakolé ; Sangara,<br />

région <strong>de</strong> Mopti, Peul, etc. »<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

Très schématiquement, le patronyme renvoie – au moins - à trois groupes <strong>de</strong><br />

référence imbriqués. Au niveau le plus restreint, il désigne le groupe domestique,<br />

c’est-à-dire les membres familiaux partageant le même « espace <strong>de</strong> vie » (Amadou)<br />

nommé ailleurs « maison familiale ». Le groupe domestique « est alors conçu<br />

comme l’unité fondamentale <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> parentage 1 .»<br />

Au niveau intermédiaire, le patronyme est associé à un clan qui constitue le<br />

groupe <strong>de</strong> parenté le plus large. Il désigne l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants se réclamant<br />

d’un ancêtre commun et portant le même « diamu ». C’est ici – me semble-t-il - que<br />

le critère géographique entre en jeu. De manière générale, il indique le territoire du<br />

« fondateur » du clan d’origine 2 .<br />

Au niveau le plus large, le patronyme est associé à un groupe plus<br />

vaste réunissant plusieurs clans : l’ethnie. Par exemple, l’ethnie Malinké comprend<br />

indifféremment les Camara, les Tounkara, les Kamissoko, les Dembélé, les Konaté,<br />

les Keïta.<br />

« Ainsi, dans le sens « crescendo », nous aurions : la famille – le clan –<br />

l’ethnie » 3 . Dès lors, on comprend pourquoi le patronyme est un élément primordial<br />

<strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong> soi : il signale l’appartenance <strong>de</strong> l’individu à un collectif familial<br />

et ethnique. Mais il faut également avoir à l’esprit que délivrer son nom <strong>de</strong> famille est<br />

une pratique très banale, une sorte d’« acte-reflexe » dans la façon d’entrer en contact<br />

avec autrui. Prenons pour exemple Yaya qui, <strong>de</strong> « retour du bled », évoque sa<br />

rencontre avec une fille :<br />

1 Diango Cissé, Structures <strong>de</strong>s Malinkés <strong>de</strong> Kita, Bamako, Editions populaires <strong>de</strong> Bamako, Hier, 1970,<br />

p. 64.<br />

2<br />

Pour prendre un exemple parmi les plus célèbres au Mali, Soundiata Keita (1190 – 1255) - empereur<br />

du Mali et chef du clan Keïta – conquît la ville <strong>de</strong> Kita au XIIIème siècle. Il procéda alors « au partage<br />

<strong>de</strong> ce que les Malinkés estimaient être le “Mon<strong>de</strong>“. Lors <strong>de</strong> ce partage, Soundiata réserva à son propre<br />

clan, celui <strong>de</strong>s Keita-Mansaren, le pays béni <strong>de</strong> Kita […] » [Op.cit., Diango Cissé, 1970, p. 19]. Ainsi, les<br />

familles Keita originaire <strong>de</strong> Kita se réclament-elles du clan <strong>de</strong> Soundiata Keita, leur ancêtre commun.<br />

3 Ibid., p. 71.<br />

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