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Les bamakois diplômés de Paris

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diplôme n’a pas été mis en cause. Il apparaissait à la fois comme le symbole <strong>de</strong> la<br />

connaissance…<br />

« Pour moi, la connaissance… La connaissance, c’est la chose la plus<br />

importante dans la vie d’une personne. De toute façon, si je ne peux pas<br />

suivre mes étu<strong>de</strong>s sans qu’elles soient récompensées, je me serai arrêté il y a<br />

longtemps. Donc c’est que je suis confiant parce que tant que la<br />

connaissance est valorisée, elle n’est pas inutile. » Gaoussou.<br />

… et comme le point <strong>de</strong> passage obligé <strong>de</strong> la réussite :<br />

« Ceux qui gagnent <strong>de</strong> l’argent C’est ceux qui ont fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, c’est ceux<br />

qui travaillent comme fonctionnaires et ceux qui sont placés dans les<br />

entreprises qu’elles soient privées ou publiques. […] De ce côté-là, tu peux<br />

aller travailler. Sinon, si tu ne fais pas ça, tu es complexé, tu es tout <strong>de</strong> suite<br />

considéré comme étant un fils <strong>de</strong> pauvre. » Demba.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

Mais face aux conditions d’enseignement dégradées et aux échecs répétés<br />

d’insertion dans un mon<strong>de</strong> du travail saturé, les enquêtés prennent peu à peu<br />

conscience (tout comme leurs parents) que leurs diplômes ne sont plus un sésame<br />

ouvrant les portes du mon<strong>de</strong> salarié : « ce qui nous attendait, c’était le chômage »<br />

(Moussa). « Partout, le volume <strong>de</strong> l’emploi se rétrécit, du fait <strong>de</strong> la régression du<br />

nombre <strong>de</strong> postes dans le secteur privé mo<strong>de</strong>rne et du dégraissage <strong>de</strong>s effectifs au<br />

sein <strong>de</strong> la fonction publique et du secteur para-publique (la baisse du nombre <strong>de</strong><br />

salariés y varie <strong>de</strong> 30 à 60% entre 1980 et 1985) 1 ». Cela explique la montée <strong>de</strong>s<br />

revendications non-intégrées <strong>de</strong>s diplômés, écartés <strong>de</strong>s privilèges <strong>de</strong> la richesse et du<br />

pouvoir auxquels ils s’étaient <strong>de</strong>stinés. <strong>Les</strong> étudiants et les lycéens, quant à eux,<br />

dénoncent leurs conditions d’étu<strong>de</strong>s et l’absence <strong>de</strong> perspectives d’embauche.<br />

La crise économique ainsi que « l’étouffement <strong>de</strong>s libertés publiques 2 »<br />

alimentent le mécontentement général et favorisent la naissance <strong>de</strong> mouvements<br />

corporatistes. L’AEEM (l’Association <strong>de</strong>s Elèves et <strong>de</strong>s Etudiants du Mali), le CNID<br />

(Comité National d’Initiative Démocratique) et l’ADEMA (Alliance pour la<br />

Démocratie du Mali) ont constitué le fer <strong>de</strong> lance <strong>de</strong>s contestations sociales et<br />

politiques.<br />

Le 21 janvier 1991, les militants <strong>de</strong> l’AEEM organisent une manifestation suite à<br />

l’arrestation <strong>de</strong> son secrétaire général. Elle a été sévèrement réprimée par les forces<br />

1 Op.cit., Lange, 1991, p.111. Je précise que les pays concernés par ces chiffres sont : le Mali, le Togo, le<br />

Sénégal, la Guinée, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Bénin et le Tchad.<br />

2 Op.cit., Diakité, 2000, p.11.<br />

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