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Les bamakois diplômés de Paris

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la parenthèse <strong>bamakois</strong>e se referme pour mon interlocuteur : il rentre en France.<br />

Pour ma part, je prolongerai mon séjour en Afrique <strong>de</strong> quelques mois.<br />

[Bamako, le 31.12.07] Veille du nouvel an, Mamadou me confie par<br />

téléphone que son retour à <strong>Paris</strong> est très difficile. Son genou lui fait<br />

terriblement mal, ce qui l’a empêché <strong>de</strong> reprendre le boulot. Deux semaines<br />

au lit, <strong>de</strong>ux semaines à l’hôpital ont été son emploi du temps du mois qui<br />

vient <strong>de</strong> s’écouler. Cet épiso<strong>de</strong> a d’ailleurs fini par lui coûter sa place. Ne<br />

pouvant pas travailler, Daouda a continué <strong>de</strong> le remplacer. Mais le manque<br />

<strong>de</strong> sérieux et les absences répétées <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier ont « gâté » la réputation <strong>de</strong><br />

Mamadou, c’est du moins ce qu’il m’explique :<br />

« Il n’arrivait jamais à l’heure, ou y venait pas du tout, tu te rends<br />

compte Ah non … Je n’ai pas pu sauver mon travail. Et puis moi, avec mon<br />

genou, je ne pouvais pas reprendre le boulot. Je vais me faire opérer.»<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

La maladie <strong>de</strong> Mamadou (hémophilie) s’est aggravée dès les premiers jours <strong>de</strong><br />

son retour en France : « je pouvais à peine me déplacer, même avec <strong>de</strong>s béquilles ».<br />

Pour mettre un terme à sa souffrance physique, il se fait opérer du genou au début <strong>de</strong><br />

l’année 2008 (ce qui correspond par ailleurs à la naissance <strong>de</strong> sa fille). Dans le même<br />

temps, il perd le contact avec la mairie du Kremlin Bicêtre et avec lui une source <strong>de</strong><br />

revenu, la possibilité d’exercer un métier apprécié ainsi que celle <strong>de</strong> décrocher un<br />

CDI. Pendant près d’une année, il passera son temps entre le centre <strong>de</strong> rééducation<br />

du Kremlin Bicêtre et son domicile, une année durant laquelle il n’exercera aucune<br />

activité rémunérée : « ce sont mes frères qui m’aidaient financièrement, comme ils<br />

pouvaient, mais bon, c’était très, très, très dur.»<br />

L’année 2009 se caractérise par une chute sévère <strong>de</strong> ses conditions d’existence<br />

dans son ensemble. D’abord, les tensions répétées avec Fatim, sa compagne, ren<strong>de</strong>nt<br />

la vie <strong>de</strong> famille difficile : « on s’engueulait tous les jours <strong>de</strong>vant la petite, et comme<br />

chez moi, c’est pas bien grand, […] ça me rendait fou ». Ils déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> se séparer.<br />

Fatim et Adiaratu (leur fille), quittent l’appartement en juin.<br />

Quelques mois plus tard, il apprend le décès <strong>de</strong> son père à Bamako. Malgré les<br />

gran<strong>de</strong>s difficultés économiques auxquelles il doit faire face, il parvient à réunir<br />

suffisamment d’argent pour partir au pays :<br />

« J’ai déjà raté la cérémonie pour maman [décédée en 2007], moralement,<br />

ça passe pas… Je ne pouvais pas rater la cérémonie pour papa.»<br />

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