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Les bamakois diplômés de Paris

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« À la fin, ça n’allait plus au niveau <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. L’école est menacée là-bas. Il<br />

y a toujours <strong>de</strong>s mouvements. Depuis 1991, au Mali, plus précisément à<br />

Bamako où j’étais là-bas, il y a eu un grand mouvement, il y a eu plus <strong>de</strong><br />

5000 morts, que <strong>de</strong>s élèves. C’est les élèves qui défendaient leurs droits, ils<br />

sont morts ! C’est ce mouvement qui a entraîné la chute du Prési<strong>de</strong>nt, du<br />

chef <strong>de</strong> l’État [Moussa Traoré]. Du coup, il y a eu <strong>de</strong>s morts et beaucoup <strong>de</strong><br />

blessés. L’école, ça n’allait plus, on pouvait faire trois mois sans cours, tu<br />

imagines Pendant les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cours, on pouvait fermer les écoles <strong>de</strong><br />

une semaine à trois mois. Des fois, on venait dans la cour et on recevait <strong>de</strong>s<br />

projectiles, les flics venaient et ils jetaient <strong>de</strong>s gaz. Et moi, bah ça m’est<br />

arrivé <strong>de</strong> participer à <strong>de</strong>s mouvements comme ça. Donc <strong>de</strong>puis 91, ça<br />

n’allait plus. <strong>Les</strong> étudiants étaient <strong>de</strong> plus en plus révoltés, ils manifestaient<br />

tout le temps. Alors, ça décourage et on ne terminait pas le programme <strong>de</strong><br />

l’année. » Yaya.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

« Quelle que soit la forme d’expression choisie, la violence s’est peu à peu<br />

installée dans les écoles et y est presque utilisée comme principale arme <strong>de</strong><br />

revendication 1 ». Certains <strong>de</strong>s opposants aux mouvements estudiantins – autorités<br />

scolaires, responsables administratifs et politiques (notamment ceux qui émettaient<br />

un point <strong>de</strong> vue contraire à celui <strong>de</strong> l’AEEM) - ont vu leurs domiciles saccagés ou<br />

brûlés, d’autres ont subi <strong>de</strong>s agressions physiques. Des symboles <strong>de</strong> l’État sont<br />

également pris pour cible : feux <strong>de</strong> signalisation, véhicules <strong>de</strong> l’État, écoles, édifices<br />

publics (dont l’Assemblée nationale, le 4 avril 1993).<br />

Il n’est pas étonnant que ces manifestations se soient principalement déroulées<br />

à Bamako, aux portes ou à l’intérieur <strong>de</strong>s établissements, là où l’école s’est implantée<br />

le plus massivement. Depuis 1991, elle est restée un lieu privilégié <strong>de</strong> contestations<br />

(voir encadré ci-après).<br />

L’observation suivante, effectuée en 2007 au sein <strong>de</strong> l’école publique<br />

Korofina, va dans le sens <strong>de</strong>s propos tenus ici. On remarquera également<br />

que les revendications sont similaires à celles <strong>de</strong>s années 90 :<br />

[Bamako, le 3.11.2007] J’arrive à l’école publique Korofina où travaille<br />

Toumani. Il y exerce la double fonction d’enseignant et <strong>de</strong> surveillant<br />

général. C’est avec un large sourire qu’il m’accueille : « David, tu tombes<br />

mal, c’est jour <strong>de</strong> grève» me dit-il d’emblée. Il m’explique alors que <strong>de</strong>ux<br />

syndicats coexistent dans l’enseignement, l’un représente les salariés <strong>de</strong><br />

l’État, l’autre, les contractuels (c'est-à-dire ceux qui ont été recrutés sans<br />

1 Op.cit., Diakité, 2000, p.14.<br />

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