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Les bamakois diplômés de Paris

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social <strong>de</strong> l’immigré <strong>de</strong> l’époque : l’homme seul, le “mamadou“ et employé<br />

monopolistique <strong>de</strong> la voierie parisienne 1 ». Ce point est important car pour certains<br />

enquêtés (d’origine urbaine et diplômés) l’immigration <strong>de</strong>s ruraux soninkés <strong>de</strong>meure,<br />

aujourd’hui encore, un frein à leur carrière professionnelle :<br />

« Parce que c’est eux [les Sarakolés] qui sont connus comme “immigrés“ en<br />

France. Je dis bien les Sarakolés <strong>de</strong>s villages hein, ceux <strong>de</strong> la capitale, ça<br />

passe. Alors les Français, qu’est-ce qu’ils pensent Ils pensent que tous les<br />

Africains sont comme les Sarakolés. Donc l’Africain est analphabète, il doit<br />

être dans le bâtiment, il doit être dans les usines, faire les routes, tu vois un<br />

peu Ça joue pour nous cette image là parce que du coup c’est dans ces<br />

travails qu’on nous attend. » Amadou.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

Malgré la diversification croissante <strong>de</strong>s populations migrantes d’Afrique<br />

subsaharienne <strong>de</strong>puis les années 80, Amadou estime que l’image sociale dominante<br />

<strong>de</strong> l’Africain en France est toujours celle qui prévalait dans les décennies 60-70.<br />

Autrement dit, les migrations africaines sont plurielles mais seraient toujours<br />

perçues par les « accueillants » <strong>de</strong> façon homogène. Toujours selon Amadou, cette<br />

homogénéité présupposée conditionne l’intégration <strong>de</strong>s Africains dans les secteurs<br />

peu qualifiés du marché du travail français (« c’est dans ces travails qu’on nous<br />

attend »). Ce point <strong>de</strong> vue est également partagé par Gaoussou :<br />

« Comme je te disais par rapport à l’immigration : pourquoi on aime peu<br />

l’immigration <strong>de</strong>s Sarakolés C’est parce qu’ils ont foutu le bor<strong>de</strong>l ici à<br />

<strong>Paris</strong>. Ils nous ont bouché tous les chemins. La façon dont les gens agissent<br />

envers nous, ça vient d’eux.» Gaoussou.<br />

Au début <strong>de</strong>s années 70, Jacques Barou remarquait la « prédominance au sein<br />

<strong>de</strong> la population travailleuse africaine immigrée d’une culture particulière : la culture<br />

sarakolé 2 ». Pour cet auteur, ces travailleurs présentaient certaines caractéristiques<br />

générales :<br />

1 Op. cit, Dewitte, 2005, p. 37.<br />

2 Jacques Barou, « Rôles <strong>de</strong>s cultures et adaptation <strong>de</strong>s travailleurs africains en Europe », Philippe J.<br />

Bernard (dir.), <strong>Les</strong> travailleurs étrangers en Europe occi<strong>de</strong>ntale, <strong>Paris</strong>, Mouton, La Haye, 1976, p.<br />

230. Je précise ici que les propos <strong>de</strong> Jacques Barou ne reflètent pas mon point <strong>de</strong> vue. Par ailleurs, il<br />

me semble que le vocabulaire utilisé par l’auteur est discutable : « civilisation », « sta<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

développement », « fanatiquement », « préférence donnée à l’habitat collectif », « colonisation<br />

progressive », etc. Comme je le relève ci-après, ce qui a retenu mon attention, c’est les rapports entre le<br />

discours Jacques Barou et ceux <strong>de</strong> mes interlocuteurs.<br />

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