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Les bamakois diplômés de Paris

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du contrat <strong>de</strong> travail 1 ». Ensuite, parce qu’il plonge dans l’insécurité permanente cette<br />

frange <strong>de</strong> la population active inscrite durablement dans la condition intérimaire<br />

(insécurité face à l’emploi et à l’avenir, fragilité <strong>de</strong>s conditions économiques <strong>de</strong> vie).<br />

D. « Petits boulots » et quête d’un CDI (2006-2007)<br />

Par l’intermédiaire d’un ami <strong>bamakois</strong>, il obtient un poste <strong>de</strong> commis <strong>de</strong> cuisine<br />

dans une cafétéria d’un grand musée parisien. Pendant trois mois – durée du contrat<br />

saisonnier qu’il a signé – Mamadou occupe le premier échelon <strong>de</strong> la hiérarchie <strong>de</strong>s<br />

métiers <strong>de</strong> la cuisine.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

« C’était un boulot <strong>de</strong> mer<strong>de</strong>. […] C’était surtout le rythme, il fallait sortir les<br />

plats à la chaîne, toujours les mêmes plats, toujours les même gestes. C’était<br />

le rush tout le temps, il fallait pas s’embrouiller dans les comman<strong>de</strong>s, t’es<br />

toujours en stress en fait. Et le len<strong>de</strong>main fallait recommencer, là, c’est<br />

surtout la ca<strong>de</strong>nce qui était dure, surtout que tu es toujours <strong>de</strong>bout. […] Le<br />

chef cuisinier, il te donne toujours <strong>de</strong>s ordres, toi, tu dois te taire et faire ce<br />

qu’on dit.»<br />

La répétition <strong>de</strong>s tâches sur une ca<strong>de</strong>nce « à la chaine », le stress <strong>de</strong>s « rushs »<br />

la subordination hiérarchique, la fatigue engendrée par le simple fait d’être « toujours<br />

<strong>de</strong>bout », ces quelques éléments évoqués par Mamadou pour définir les conditions <strong>de</strong><br />

son travail tournent essentiellement autour du thème <strong>de</strong> la pénibilité ; une pénibilité<br />

qu’il espère « ne jamais revivre ». Aussi la fin <strong>de</strong> la saison est-elle une délivrance<br />

pour mon interlocuteur :<br />

« Plus jamais ça ! C’est ce que je me suis promis. Mais bon, c’est ça qui est<br />

bien quand même, c’est qu’après la saison, tu ne dois rien à personne, tu n’as<br />

plus d’obligations et tu as <strong>de</strong>s sous, t’es libre quoi.»<br />

C’est peut être là un avantage du travail temporaire : celui <strong>de</strong> pouvoir bénéficier,<br />

suite à un pério<strong>de</strong> d’emploi suffisamment longue et rémunérée, d’un temps sans<br />

« obligations », libre <strong>de</strong> tout engagement professionnel. C’est en tous cas ce que<br />

suggère Mamadou. Et il met à profit les revenus perçus ainsi que le temps dégagé<br />

pour marquer une pause dans sa quête d’emploi et pour retourner, l’espace d’un<br />

1 Margaret Maruani et Emmanuel Reynaud, Sociologie <strong>de</strong> l’emploi, <strong>Paris</strong>, La découverte, [1993], 2004,<br />

p. 52.<br />

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