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Les bamakois diplômés de Paris

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formation préalable). Le Mali connaît une pénurie d’enseignants, ce qui<br />

oblige les écoles – privées ou publiques – à recruter dans d’autres secteurs.<br />

« C’est pas compliqué comme il n’y a pas <strong>de</strong> travail, on prend <strong>de</strong>s<br />

étudiants qui n’arrivent pas à trouver du travail avec leurs diplômes ;<br />

mais, eux, ils n’ont pas la métho<strong>de</strong> qu’il faut, ils n’ont pas la pédagogie. »<br />

Pour Toumani, la prolifération <strong>de</strong>s écoles privées et l’absence <strong>de</strong><br />

formation <strong>de</strong>s enseignants expliquent en gran<strong>de</strong> partie la baisse <strong>de</strong> la<br />

qualité <strong>de</strong> l’enseignement. Et puis :<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

« <strong>Les</strong> écoles privées coûtent chères. Tout le mon<strong>de</strong> ne peut pas payer ça à<br />

leurs enfants. Du coup, les écoles publiques sont surchargées, surtout<br />

dans les premières classes. Il arrive que <strong>de</strong>s élèves soient cent pour un<br />

seul professeur. Tu te rends compte Mais je vais te faire visiter la classe<br />

<strong>de</strong>s premières années. »<br />

Trois rangées <strong>de</strong> huit tables, quatre élèves par table, soit, comme me<br />

l’avait dit Toumani, un peu moins <strong>de</strong> 100 élèves. Le mobilier scolaire est<br />

insuffisant. Si la moitié <strong>de</strong>s tables est en bon état, l’autre moitié semble<br />

avoir été fabriquée par « le menuisier du coin » : quatre bouts <strong>de</strong> planches<br />

tenus par <strong>de</strong>s clous donnant au tout un aspect bancal et visiblement<br />

inconfortable. Toumani commente :<br />

« Tu vois un peu. Dans cette classe, on peut dire qu’il y a un livre pour<br />

trois élèves. »<br />

[…] Dans la cour, je remarque plusieurs affiches sur lesquelles on<br />

peut lire les revendications <strong>de</strong>s grévistes : cherté <strong>de</strong> la vie, déconfiture <strong>de</strong><br />

l’école, exclusion et violation <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme. Ces revendications<br />

ont structuré l’entretien réalisé avec Toumani quelques minutes plus tard.<br />

Parce qu’elle est une institution <strong>de</strong> l’État, l’école permet à ses acteurs (élèves,<br />

lycéens, étudiants, certains enseignants) <strong>de</strong> se rendre visibles et d’entrer en contact<br />

auprès <strong>de</strong> ceux qui détiennent le pouvoir politique. Chaque année, elle continue d’être<br />

menacée <strong>de</strong> blocage, ce dont témoigne Boubacar :<br />

« L’AEEM Oui, parfois ils arrivent à obtenir <strong>de</strong>s trucs du gouvernement.<br />

Mais franchement, le plus souvent, ils empêchent les autres <strong>de</strong> travailler. Ils<br />

entrent dans les classes, jettent <strong>de</strong>s projectiles. Bah, moi, je voulais juste<br />

étudier, et puis je ne voulais pas d’une nouvelle année blanche. C’est <strong>de</strong>venu<br />

un problème au Mali. » Boubacar.<br />

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