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Les bamakois diplômés de Paris

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consolidé avec la Première Guerre mondiale. Cette <strong>de</strong>rnière se sol<strong>de</strong> par la mort d’un<br />

million et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> français et « prive l’industrie [du pays] d’environ 10% <strong>de</strong> son<br />

personnel d’avant-guerre, [ce qui] porte à son paroxysme la pénurie d’ouvriers 1 ».<br />

Autrement dit, l’immigration remplit <strong>de</strong>ux fonctions : pallier le déficit<br />

démographique et renforcer la classe ouvrière 2 . C’est une logique similaire qui<br />

explique le recours à la main d’œuvre étrangère au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre<br />

mondiale avec, pour objectif supplémentaire, la reconstruction du pays.<br />

Baisse <strong>de</strong> la natalité, déficit démographique engendré par les <strong>de</strong>ux conflits<br />

mondiaux, pénurie <strong>de</strong> main d’œuvre dans les secteurs majoritairement ouvriers,<br />

impératifs <strong>de</strong> reconstruction, tous ces éléments ont fait que le recours à l’immigration<br />

a été une composante essentielle <strong>de</strong> l’industrialisation du pays.<br />

tel-00708235, version 1 - 14 Jun 2012<br />

B. L’ouvrièrisation <strong>de</strong> l’immigration<br />

Comme le note la plupart <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong> l‘immigration, chaque phase <strong>de</strong><br />

croissance que connaît la France (sous le règne <strong>de</strong> Napoléon III puis au début <strong>de</strong> la<br />

IIIe République - 1850-1880, lors <strong>de</strong> la Belle Epoque - 1900-1914, <strong>de</strong> l’entre-<strong>de</strong>uxguerre<br />

- 1921-1931, et <strong>de</strong>s Trente glorieuses - 1945-1975) accroît les flux<br />

d’immigration. À l’inverse, les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> récession (la crise <strong>de</strong>s années 1880-1890,<br />

la Gran<strong>de</strong> dépression - 1930-1945) voient les flux d’immigration décroître entraînant<br />

une stagnation, voire une diminution, du nombre d’immigrants dans l’hexagone.<br />

« “Pic“ et “creux“ – écrit Pierre Milza - coïnci<strong>de</strong> donc avec les principaux tournants <strong>de</strong><br />

l’histoire économique <strong>de</strong> la France et donnent à la courbe <strong>de</strong> la présence étrangère<br />

dans notre pays une allure contrastée […] d’un accroissement régulier <strong>de</strong> l’effectif <strong>de</strong>s<br />

migrants 3 ».<br />

1 Op. Cit., Noiriel, 2006, p. 304.<br />

2 Andrea Rea et Maryse Tripier notent l’existence d’un débat théorique sur la place <strong>de</strong>s travailleurs<br />

migrants dans la société française. Il oppose ceux « qui incluent les travailleurs immigrés dans la<br />

classe ouvrière et [ceux] qui en [font] une classe séparée. La première, d’inspiration marxiste,<br />

privilégie l’analyse <strong>de</strong> la fonction capitaliste <strong>de</strong> l’immigration. La secon<strong>de</strong>, davantage influencée par<br />

une conception wébérienne <strong>de</strong>s classes sociales, appréhen<strong>de</strong> les travailleurs immigrés comme une<br />

classe séparée <strong>de</strong> la classe ouvrière, en raison <strong>de</strong> son déficit <strong>de</strong> légitimité dans la participation au<br />

système <strong>de</strong> valeurs dominantes et <strong>de</strong> pouvoir ». Andrea Rea et Maryse Tripîer, Sociologie <strong>de</strong><br />

l’immigration, <strong>Paris</strong>, La Découverte, Repères, 2003, p. 3.<br />

3 Si l’on en croît les chiffres proposés par Pierre Milza, l’effectif <strong>de</strong>s migrants « est passé <strong>de</strong> 380 000 en<br />

1851 - date du premier recensement dans lequel figure les étrangers - à un million en 1881, 1 160 000<br />

en 1911 (soit 3% <strong>de</strong> la population totale), un million et <strong>de</strong>mi en 1921, 2 400 000 en 1926, 2 700 000, en<br />

chiffres arrondis et officiels (toujours inférieur à la réalité en 1931, [soit] 6, 5% <strong>de</strong> la population<br />

recensée dans l’hexagone. […] Après le creux très marqué <strong>de</strong> la guerre […] la croissance reprend, à un<br />

rythme modéré d’abord (1 743 000 étrangers en 1946, 1 765 000 en 1954), puis <strong>de</strong> plus en plus rapi<strong>de</strong> :<br />

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